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Boris Vian
10/18, 1995 - 189 p.
Note : 5/5
Le plus poignant des romans d'amour contemporain
Raymond Queneau
Raymond Queneau
Résumé (tiré de Wikipédia ... on fait comme on peut !) : Le lecteur ouvrant ce roman est directement confronté au jeu des inversions qui sous-tend la démarche globale : dans un univers absurde et des plus étranges, le narrateur présente un personnage particulièrement banal et indéfini.
Le roman est centré sur le personnage de Colin, qui « possède une fortune suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres » ; un ami nommé Chick, qui ne dispose pas de cette chance, puisque, étant ingénieur, il est très pauvre (contrairement aux ouvriers !). Le troisième personnage masculin est le cuisinier stylé de Colin, Nicolas.
Ce dernier tombera amoureux d’Isis, une amie de Colin. Un jour, Chick fait la connaissance d'une fille, Alise, qui est parente de Nicolas. Colin, jaloux, désire lui aussi connaître une fille, et tombe amoureux de Chloé lors d'une fête. Il se marie avec elle et donne une partie de son argent à Chick pour qu’il épouse Alise. Chloé tombe malade : elle a un nénuphar qui pousse dans son poumon. Pour la guérir, Colin lui achète des fleurs et l’envoie à la montagne. Quand elle revient, le nénuphar n’est plus là, mais elle ne peut utiliser maintenant qu'un seul poumon. Colin doit chercher un travail pour acheter des fleurs, quand Chloé tombe de nouveau malade, de l’autre poumon.
Leur maison rapetisse progressivement et devient chaque jour plus triste et obscure, malgré les efforts de leur petite souris grise à moustache noire pour nettoyer les carreaux et laisser passer les rayons de soleil.
Comme Chick aime plus Jean-Sol Partre qu’Alise, celle-ci tue le philosophe avec un arrache-cœur, nom qui sera le titre du roman éponyme qu'il publiera ensuite, et brûle les librairies proches de chez elle, mais elle meurt dans les flammes. Pendant ce temps, la police tue Chick parce qu’il ne paye pas ses impôts.
Lorsque Chloé est emportée par la maladie, Colin est ruiné. Ne pouvant payer le prix fort, les religieux sont irrespectueux lors de l'enterrement.
C'est un roman plein de poésie, de tendresse, d'amour, d'humour et d'ironie. Boris Vian joue avec les mots et les expressions qui sont tous pris au pied de la lettre. C'est un roman surréaliste, ce qui ne l'empêche absolument pas de dénoncer le monde du travail, la religion ou les cultes de personnalité (via les personnages de Chick et de Jean-Sol Partre).
La maladie de Chloé est également assez déroutante : un nénuphar poussant dans ses poumons, elle ne peut pas boire d'eau ... L'eau est alors synonyme de souffrance et de mort. Seules les fleurs non aquatiques ont un effet bénéfique sur cette étrange pathologie.
La dernière partie du roman est beaucoup plus sombre que la première. Le roman s'ouvre sur la vie de jeunes gens inconscients, vivant pleinement sans se soucier de rien - ni de leur avenir, ni de l'argent et évidemment encore moins de comment gagner cet argent. Il se ferme sur la noirceur de la maladie qui a engendré la tristesse, la misère - affective et financière - et l'angoisse. Boris Vian relate alors un monde terne où la lumière du jour et les rayons du soleil n'arrivent plus à percer à travers les vitres, où les pièces de la maison rapetissent à vue d'oeil, où les sols deviennent marécageux, où les curés sont irrespectueux ...
J'ai découvert ce roman quand j'étais en seconde, vers 15 ou 16 ans. Je me souviens des paroles de mon professeur de français de l'époque : "Je ne force personne à lire ce livre. Il est assez étrange. Certains d'entre vous vont le dévorer, d'autres n'arriveront pas à lire. Le rapport avec Boris Vian est violent : on aime ou pas. Ceux qui ne l'aimeront pas pourront apprendre à l'apprécier, les autres seront sous le charme à jamais". Plutôt vendeur, non ?! Enfin un professeur malin, qui donne envie d'essayer de lire.
Je vous livre ici l'incipit :
Le roman est centré sur le personnage de Colin, qui « possède une fortune suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres » ; un ami nommé Chick, qui ne dispose pas de cette chance, puisque, étant ingénieur, il est très pauvre (contrairement aux ouvriers !). Le troisième personnage masculin est le cuisinier stylé de Colin, Nicolas.
Ce dernier tombera amoureux d’Isis, une amie de Colin. Un jour, Chick fait la connaissance d'une fille, Alise, qui est parente de Nicolas. Colin, jaloux, désire lui aussi connaître une fille, et tombe amoureux de Chloé lors d'une fête. Il se marie avec elle et donne une partie de son argent à Chick pour qu’il épouse Alise. Chloé tombe malade : elle a un nénuphar qui pousse dans son poumon. Pour la guérir, Colin lui achète des fleurs et l’envoie à la montagne. Quand elle revient, le nénuphar n’est plus là, mais elle ne peut utiliser maintenant qu'un seul poumon. Colin doit chercher un travail pour acheter des fleurs, quand Chloé tombe de nouveau malade, de l’autre poumon.
Leur maison rapetisse progressivement et devient chaque jour plus triste et obscure, malgré les efforts de leur petite souris grise à moustache noire pour nettoyer les carreaux et laisser passer les rayons de soleil.
Comme Chick aime plus Jean-Sol Partre qu’Alise, celle-ci tue le philosophe avec un arrache-cœur, nom qui sera le titre du roman éponyme qu'il publiera ensuite, et brûle les librairies proches de chez elle, mais elle meurt dans les flammes. Pendant ce temps, la police tue Chick parce qu’il ne paye pas ses impôts.
Lorsque Chloé est emportée par la maladie, Colin est ruiné. Ne pouvant payer le prix fort, les religieux sont irrespectueux lors de l'enterrement.
C'est un roman plein de poésie, de tendresse, d'amour, d'humour et d'ironie. Boris Vian joue avec les mots et les expressions qui sont tous pris au pied de la lettre. C'est un roman surréaliste, ce qui ne l'empêche absolument pas de dénoncer le monde du travail, la religion ou les cultes de personnalité (via les personnages de Chick et de Jean-Sol Partre).
La maladie de Chloé est également assez déroutante : un nénuphar poussant dans ses poumons, elle ne peut pas boire d'eau ... L'eau est alors synonyme de souffrance et de mort. Seules les fleurs non aquatiques ont un effet bénéfique sur cette étrange pathologie.
La dernière partie du roman est beaucoup plus sombre que la première. Le roman s'ouvre sur la vie de jeunes gens inconscients, vivant pleinement sans se soucier de rien - ni de leur avenir, ni de l'argent et évidemment encore moins de comment gagner cet argent. Il se ferme sur la noirceur de la maladie qui a engendré la tristesse, la misère - affective et financière - et l'angoisse. Boris Vian relate alors un monde terne où la lumière du jour et les rayons du soleil n'arrivent plus à percer à travers les vitres, où les pièces de la maison rapetissent à vue d'oeil, où les sols deviennent marécageux, où les curés sont irrespectueux ...
J'ai découvert ce roman quand j'étais en seconde, vers 15 ou 16 ans. Je me souviens des paroles de mon professeur de français de l'époque : "Je ne force personne à lire ce livre. Il est assez étrange. Certains d'entre vous vont le dévorer, d'autres n'arriveront pas à lire. Le rapport avec Boris Vian est violent : on aime ou pas. Ceux qui ne l'aimeront pas pourront apprendre à l'apprécier, les autres seront sous le charme à jamais". Plutôt vendeur, non ?! Enfin un professeur malin, qui donne envie d'essayer de lire.
Je vous livre ici l'incipit :
Colin terminait sa toilette. Il s'était enveloppé, au sortir du bain, d'une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l'étagère de verre, le vaporisateur et pulvérisa l'huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots. Colin reposa le peigne et, s'armant du coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite. Il alluma la petite lampe du miroir grossissant et s'en rapprocha pour vérifier l'état de son épiderme. Quelques comédons saillaient aux alentours des ailes du nez. En se voyant si laids dans le miroir grossissant, ils rentrèrent prestement sous la peau et, satisfait, Colin éteignit la lampe. Il détacha la serviette qui lui ceignait les reins et passa l'un des coins entre ses doigts de pied pour absorber les dernières traces d'humidité. Dans la glace, on pouvait voir à qui il ressemblait, le blond qui joue le rôle de Slim dans Hollywood Canteen. Sa tête était ronde, ses oreilles petites, son nez droit, son teint doré. Il souriait souvent d'un sourire de bébé, et, à force, cela lui avait fait venir une fossette au menton. Il était assez grand, mince avec de longues jambes, et très gentil. Le nom de Colin lui convenait à peu près. Il parlait doucement aux filles et joyeusement aux garçons. Il était presque toujours de bonne humeur, le reste du temps il dormait.Fabuleux, non ?! Je suis tombée en extase, je l'ai ensuite dévoré. Il est longtemps resté "mon" roman, le livre que je relisais régulièrement. Il est bien évident que j'ai également dévoré d'autres oeuvres de Vian : les romans, les romans écrits sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, les poèmes, les chansons ... Il m'est cependant arrivé une chose étrange : j'ai essayé de le relire il y a environ un an, et je n'y ai plus retrouvé la magie que j'y avais vu à l'époque. On évolue tous, mais ça m'a un peu peinée. Il n'en reste pas moins que je lui laisse un bon 5/5 !
3 commentaires:
...Et dire que c'était le voisin de pallier du Grand Prévert, au dessus du Moulin Rouge, passage Véron dans le XVIIe... j'aurais voulu habiter là...
Merci de cet agréable moment.
XVIIIe !!! Grrrrhhh... Ces doigts d'Ogre...
...13 janvier, le dernier post... pppfffff... Oh la honte !!!
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