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samedi 23 janvier 2010

Contes à faire rougir les petits chaperons

Roman adultes
Contes à faire rougir les petits chaperons

Jean-Pierre Enard
Gallimard (Folio), 2009 - 187 p.

Note : 3/5

Quatrième de couverture : Le narrateur de ces Contes à faire rougir les petits chaperons a une petite amie. Cette petite amie a une petite soeur, Alice, qui est une grande coquine. Elle rêve de faire avec l'auteur des choses qui ne sont pas de son âge, et lui, pour résister à la tentation, raconte des histoires ! I1 lui dit tout haut ce que les auteurs classiques pour la jeunesse pensaient tout bas : Pinocchio n'a pas que le nez qui s'allonge, la mère Michel a perdu son chat, et quel chat !, la comtesse de Ségur aime les "petites filles Bordel", et les trois petits cochons sont trois petites cochonnes...

Relecture fort cochonne des contes qui ont bercé notre enfance. Il n'y avait pas besoin de lire cet ouvrage pour voir en ces contes des allusions sexuelles, mais l'auteur les a réécrit façon fantasmes. J'avoue m'être amusée au départ, mais j'ai trouvé cet ouvrage lassant, au final.
Il faut quand même reconnaitre que l'écriture est plutôt plaisante, et que j'ai ri plusieurs fois, mais je n'en garderai pas à un souvenir impérissable.

Petit livre à lire pour chasser l'ennui des longs dimanches d'hiver... Âmes prudes s'abstenir !

mercredi 30 décembre 2009

La moustache

Roman adultes
La moustache

Emmanuel Carrère
Gallimard (Folio), 2005 - 182 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou ? Voudrait-on vous le faire croire ? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens ? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenu.

Le gars se rase la moustache pour faire une blague à sa femme et à leurs amis. Quand l'épouse rentre, elle ne fait aucune remarque. Même chose lors du diner chez un couple d'amis : personne n'évoque ce changement physique. Bon, peut être ont-ils tous décidés de jouer la comédie, de faire semblant de ne rien remarquer, le tout dans le but de lui retourner la farce et de faire de lui l'arroseur arrosé. Certainement, d'ailleurs. Il n'y a pas d'autre solution.
Mais quand, excédé, il demande à son épouse d'arrêter ce jeu qui devient stupide parce que trop long, elle lui assure qu'il n'a jamais eu de moustache... La dispute éclate, il va même jusqu'à fouiller les poubelles qu'il vient de descendre : il montre les restes de sa moustache à son épouse. Pourquoi refuse-t-elle d'admettre qu'il n'en portait pas ? Et pourquoi a-t-elle caché toutes les photos ? Elle devient folle, il n'y a pas d'autre solution... A moins que...

C'est un roman flippant parce que sur la folie... de l'homme, de l'épouse...? On a du mal à se faire une opinion au départ. On rit... puis on rit jaune... puis on est complètement paumé, exactement comme l'homme... puis on comprend petit à petit, en même temps que lui, que tout ce qu'on croyait être son quotidien n'est en réalité qu'une illusion fabriquée par son esprit. C'est un roman dérangeant, un roman qui fait se poser des questions.

En lisant le roman, au départ, je ne savais pas que penser de tout ça, je ne savais même pas si j'appréciais ce que j'étais en train de lire... parce que ce que je lisais était déstabilisant, je ne savais pas sur quel pied danser, je ne comprenais plus ce qui se passait, je ne savais qui croire de l'homme ou de la femme, j'étais paumée. Et je n'aimais pas ça. Mais quand on commence à admettre que le malade, dans l'histoire, n'est peut être pas celle qu'on pense, tout va mieux... et finalement, on est presque soulagé de comprendre que c'est nous — à travers l'homme — qui sommes malades. J'ai adoré ce bouquin.

J'ai lu différents avis sur le dénouement ; en règle générale, il est critiqué. En ce qui me concerne, il me semble évident. Il n'y avait pas d'autre issue possible.

M'enfin, on aura beau dire, on aura beau faire, le pauvre Emmanuel Carrère est bien torturé...


samedi 14 novembre 2009

Le cinquième évangile

Roman adultes
Le cinquième évangile

Michel Faber
Éditions de l'Olivier, 2009 - 195 p.

Note : 3/5

Quatrième de couverture : Theo Griepenkerl est un universitaire sans envergure à l'ego démesuré. Dans les décombres d'un musée de Bagdad, il découvre un trésor inestimable : les mémoires de Malchus, témoin des derniers jours de Jésus. Il ramène secrètement les neuf rouleaux de papyrus au Canada et s'empresse de les traduire. Publié par une obscure maison d'édition, son Cinquième Évangile est un immense succès. Mais Theo est dépassé par le scandale que provoquent les révélations de Malchus...
Drôle, irrévérencieux, palpitant, Le Cinquième Évangile tourne en dérision cette mode des textes anciens, censés révéler au monde "la" vérité. Ce roman à la loufoquerie très british est aussi une satire cinglante des mœurs de l'édition et de la culture de masse.

Né en 1960 aux Pays-Bas, Michel Faber est devenu mondialement célèbre grâce à La Rose pourpre et le Lys (Éditions de l'Olivier, 2005). Il a également publié plusieurs recueils de nouvelles dont les Contes de la rose pourpre et Moins que parfait (Éditions de l'Olivier, 2006 et 2007).


Bouquin vite lu, agréable à lire, mais... mais on reste un peu sur sa faim. Theo découvre par un total hasard un cinquième évangile qu'il entreprend de traduire et de publier. Mais les révélations de ce "nouvel" évangile ne sont pas pour plaire aux croyants ; Theo est alors rapidement dépassé par les événements. L'évangile montre Jésus comme un simple humain, qui chouine alors qu'il est cloué sur sa croix, qui se pisse dessus, et qui peste contre son Père qui lui inflige cette souffrance. Bon, moi, tout ça me parait tout à fait réaliste et j'aimais bien cette idée de départ. Mais le bouquin de va pas plus loin. Ça dérape assez rapidement, l'histoire n'a plus ni queue ni tête, et se termine de façon tout à fait étrange... A mon sens, tout ça est bâclé, un peu comme si l'auteur n'avait pas eu le temps de tout développer, comme s'il avait été obligé d'écrire le bouquin super rapidement. Il en ressort un goût d'inachevé, de gâchis... ce qui est fort dommage parce que l'idée de départ était super bonne.


vendredi 30 octobre 2009

Doppler

Roman adultes
Doppler

Erlend Loe
Gaïa (Taille unique), 2006 - 202 p.

Note : 5/5

Quatrième de couverture : Andreas Doppler fait une chute de vélo dans la forêt. Il tombe et tout lui tombe dessus : sa vie jalonnée par la docilité, son père décédé qu'il a à peine connu, sa fille qui le taxe de cynisme, son fils gavé de culture enfantine débilitante, son pays si insupportablement sympathique. Il faut changer. Ni une ni deux, il rompt avec la civilisation et plante sa tente dans la forêt. Devenu chasseur-cueilleur, il tue pour survivre un élan femelle dont le petit ne le quitte plus d'une semelle. Qu'à cela ne tienne, mieux vaut un ruminant muet que des êtres humains assommants. Et Doppler de ressasser son couplet préféré : "Je n'aime pas les gens. Je n'aime pas ce qu'ils font. Je n'aime pas ce qu'ils sont. Je n'aime pas ce qu'ils disent." Mais peut-on vraiment vivre seul ? Et comment ? Un beau jour, sa femme déboule pour lui annoncer sa nouvelle grossesse, précisant que s'il n'est pas rentré au bercail d'ici à l'accouchement, elle le plaque — quelle tuile. Doppler est dans de beaux draps.
Situations cocasses, humour grinçant, Doppler est un bouquin savoureux... et allègrement décalé.

Bouquin dégoté par un total hasard sur les rayonnages de la bibliothèque. Je suis entrée dans le monde loufoque et déjanté de Erlend Loe.
Doppler, cadre moyen, fait une chute à vélo. Il a alors la révélation de ce qu'est réellement sa vie : une vie trop "appliquée". Déjà tout gosse, il était "appliqué", il a maintenant un boulot "appliqué", une vie de couple "appliquée", il élève ses gosses de façon "appliquée", il a une vie sociale "appliquée"... Bref, il est trop appliqué. Et puis il n'aime pas les gens. Il prend donc la décision ferme et sans appel de tout plaquer de cette vie qui ne lui correspond plus et d'aller planter sa tente en pleine forêt et de vivre en ermite. Il a, pour seule compagnie, un jeune élan dont il tué la mère. S'en suivent quelques rencontres cocasses avec différents personnages, tous plus loufoques les uns que les autres. Mais qu'il le veuille ou non, il ne peut pas échapper aussi facilement à sa vie de famille...

Un bouquin vraiment excellent, frais et décalé. On retrouve, là encore, une histoire "d'amitié" entre un homme et un animal, exactement comme dans Le Bestial Serviteur du pasteur Huuskonen. Preuve, là encore, que la culture nordique est largement différente de la notre dès qu'il s'agit de nature...

Il me faut cependant apporter un gros bémol à mon enthousiasme pour ce livre : cette édition (chez Gaïa, donc) est pourrie à souhait. Le texte est bourré de coquilles (je préfère penser qu'il s'agit de coquilles et non de réelles fautes d'accord...). Il m'est arrivé d'en repérer quatre ou cinq par page. J'espère que l'édition de 10/18 a corrigé tout ça.
Tant qu'on est à évoquer les petits défauts de Doppler, je dirais que la fin est un peu étrange. L'histoire part carrément en vrille, Doppler décide d'impliquer dans son aventure son jeune fils, tout en délaissant sa femme, sa fille aînée ainsi que le bébé qui vient de naître... d'où un petit sentiment de malaise... Mais rien de bien violent.

L'incipit :
Mon père est mort.
Et hier j'ai mis fin aux jours d'un élan.
Que dire...
C'était lui ou moi. J'étais affamé. Je commence franchement à être maigre. La nuit dernière, je suis descendu à une des fermes de Maridalen où j'ai piqué du foin. J'ai découpé une botte avec mon couteau et j'ai rempli mon sac à dos de foin. Après quoi je me suis accordé un petit roupillon, puis, au point du jour, j'ai gagné le fond du ravin, à l'est de mon campement, et j'ai dispersé en guise d'appât le foin en question à un endroit dont je m'étais longuement dit qu'il serait épatant pour tendre une embuscade. Je me suis ensuite allongé au bord du ravin où j'ai patienté de nombreuses heures. Je sais que des élans musardent dans les parages. Je les ai vus. Ils se sont même aventurés aux abords de ma tente. Ils sont là, à évoluer dans la vallée, à trottiner, à suivre leurs intuitions plus ou moins rationnelles. Toujours par monts et par vaux, les élans. Ils semblent croire qu'ailleurs l'herbe est plus verte. Et peut-être ont-ils raison. Quoi qu'il en soit, il y en a toujours un pour se radiner. Une pour être exact puisqu'il s'agissait d'une femme. Avec son petit qui traînassait derrière elle. Ça m'a déstabilisé un chouia, je dois dire, que le petit soit de la partie. J'aurais préféré qu'il ne le fût pas. Toujours est-il qu'il l'était. Par chance, le sens du vent était au poil. Le couteau dans la bouche, et pas le petit, hein, mais le grand, le grand couteau dans la bouche, donc, j'ai patienté. Les élans baguenaudaient dans ma direction. Broutant ici quelque bruyère, là diverses pousses de bouleau qui prospèrent au fond du ravin. Etpuis l'animal a fini par se poster à l'endroit voulu. Pile en-dessous. Maousse, la bestiole. Les élans sont grands. On l'oublie facilement, combien ils sont grands. Ni une ni deux, je lui ai sauté sur le dos. Il ne faudrait pas croire, mas j'avais bien évidemment répété le geste dans ma tête des douzaines et des douzaines de fois. J'avais prévu qu'il n'apprécierait pas outre mesure et qu'il prendrait ses jambes à son cou. Ce qui s'est d'ailleurs avéré. Or avant même qu'il n'ait pu partir au galop, je lui avais déjà planté mon couteau dans la tête. D'un coup d'un seul, prodigieux, le grand couteau avait traversé son crâne d'élan, transpercé son cerveau d'élan, ceignant sa tête d'élan tel un galurin excentrique et riquiqui. Après un bond agile pour me déloger de ma monture, je me suis hissé au sommet d'un rocher colossal cependant que l'élan voyait sa vie défiler sous ses yeux : tous ces jours heureux avec de la nourriture à satiété, les journées d'été à paresser sous le soleil éblouissant, la bluette avec le mâle une fois l'automne venu et la solitude qui s'était ensuivie ; la naissance et la joie de transmettre ses gènes, mais aussi ces abrutissants mois d'hiver au début de l'année, la fébrilité, cet élément tourmenté dont l'animal songeait probablement, autant que je sache du moins, qu'en être affranchi serait un soulagement. Tout cela, l'élan femelle l'a visionné en l'espace de quelques secondes, avant de s'effondrer.

→ Un bouquin plein d'humour, d'auto-dérision, d'ironie, de cynisme et de sarcasmes... Pile poil ce que j'aime au plus haut point !


Le Bestial Serviteur du pasteur Huuskonen

Roman adultes
Le Bestial Serviteur du pasteur Huuskonen

Arto Paasilinna
Denoël (& d'ailleurs), 2007 - 309 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : À l'approche de la cinquantaine, le pasteur Oskar Huuskonen traverse une mauvaise passe. Son mariage bat de l'aile, sa foi vacille, ses prêches peu conformes aux canons de l'Église lui attirent les foudres de ses supérieurs et ses paroissiens le désolent.
Comme si cela ne suffisait pas, ses ouailles décident de lui offrir pour son anniversaire un cadeau empoisonné : un ourson qui vient de perdre sa mère, spectaculairement morte par électrocution au sommet d'un pylône à haute tension du village.
Mais le pasteur s'attache peu à peu à l'animal et pousse la sollicitude jusqu'à lui construire pour l'hiver une tanière dans laquelle il finit par le rejoindre, en compagnie d'une charmante biologiste venue étudier les mœurs de la bête.
Il n'en fallait pas moins pour que la vie d'Oskar Huuskonen bascule : la pastoresse demande le divorce, la biologiste prend la tangente et l'évêque, lassé des bizarreries du pasteur, le met d'office en congé. Ruiné et l'esprit chagrin, Huuskonen décide de partir à l'aventure avec son ours. Un long périple qui les mènera de la mer Blanche à Odessa, Haïfa, Malte ou Southampton, en quête d'un sens à leur existence.


Il n'y a rien à ajouter à ce résumé. La première partie est absolument hilarante ; les deuxième et troisième parties le sont un peu moins, mais elles regorgent quand même de situations fort cocasses.

Le pasteur et son ours embarquent pour un long périple qui les ramènera finalement "à la maison". C'est également un périple "mystique" durant lequel le pasteur mettra sa foi en danger, l'abandonnera pour des croyances plus scientifiques, pour finalement trouver la paix intérieure. Et malgré toutes les situations cocasses, il y a toujours, en filigrane, ces questionnements sur le sens de la vie... Et il semble qu'ils nous concernent tous, que l'on soit croyant ou non.

La relation entre le pasteur et l'ours est assez étonnante. Mais ce qui est le plus surpenant, c'est que bien que pour nous, petits français, elle paraisse exotique et totalement irréaliste, elle semble être tout à fait naturelle pour les habitants nordiques... Étrange, dépaysant et frais... J'ai passé un excellent moment.


vendredi 9 octobre 2009

Lacrimosa

Roman adultes
Lacrimosa

Régis Jauffret
Gallimard, 2008 - 217 p.

Note : 3.5/5

Quatrième de couverture : « Vous étiez dans les bras de votre mère. Vierge à l'Enfant, Pietà, mais en guise de crucifié c'était seulement une jeune femme qui s'était pendue. Quand leurs filles meurent, les femmes en redeviennent grosses jusqu'à la fin de leur vie. Leur ventre est beaucoup plus lourd que la première fois. »

Échange épistolaire entre l'amant et la défunte Charlotte. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le bouquin, à comprendre, à entendre les personnages, leurs cris, leurs douleurs. Une fois entrée dans le livre, je me suis laissée embarquer dans cette histoire pas franchement banale.
Un amant largement plus âgé que la femme, un amant qui ne cherche plus à s'engager dans quoi que soit, un amant égoïste, égocentrique, et solitaire qui n'a de cesse de se réfugier dans son antre, un amant écrivain qui essaie en permanence de coucher les choses sur papier... mais un amant qui aime malgré tout cette femme ; il l'aime à sa façon, mais il l'aime.
Une femme de 35 ans qui a toujours eu ce vague à l'âme, une femme qui a été internée à l'âge de 18 ans pour dépression et qui a tenté de se suicider déjà plusieurs fois, une femme qui lutte pour vivre mais qui est finalement pas si malheureuse que ça, une femme passionnée, exaltée, violente, une femme entière dans ses bonheurs et dans ses dépressions, une femme avec une vie en dents de scie, une femme qui couche avec un jeunot mais qui se réfugie au moindre mal chez l'amant plus âgé.

Bref, une histoire compliquée. Tout comme le sont leurs rapports.

La femme, Charlotte, se pend dans sa chambre. Et l'amant esseulé entreprend alors de coucher sur papier un ultime échange, échange posthume dans lequel chacun essaiera de se cacher une dernière fois à l'autre, de lancer les dernières piques, d'afficher les dernières rancoeurs, de se déchirer une dernière fois... mais un échange dans lequel chacun dira à l'autre, de façon certes maladroite mais ô combien évidente, à quel point ils se sont aimés.

J'ai particulièrement apprécié la fin du bouquin, les trois ou quatre dernières lettres, celles qui évoquent le suicide et l'après suicide (le désespoir de l'amant, l'enterrement...). Les masques tombent, il ne reste plus que les sentiments vrais, l'amant et Charlotte ne se cachent plus, ils oublient les rancoeurs et les mesquineries, ils laissent leur souffrance éclater. On se prend ça en pleine face, ça fait mal, mais j'ai particulièrement aimé ce passage. On reste scotché, les mains crispées sur le livre. Il y a un comme un sentiment d'inachevé, de chose gâchée. On a envie de hurler pour eux...

→ C'était la première fois que je lisais un bouquin de Régis Jauffret, et ce n'était peut être pas le meilleur choix pour entrer dans son monde... J'en essaierai quand même un autre.


dimanche 4 octobre 2009

Eova Luciole

Roman adultes
Eova Luciole

Clara Dupont-Monod
Grasset, 1998 - 188 p.

Note : 3/5

Quatrième de couverture : Par quel étrange phénomène deux longues ailes blanches ont-elles poussé dans le dos d'Eova Luciole, la fille de la belle Théodora ?
C'est un mystère donc personne n'a la clef mais qui, dans cette petite île au large du Venezuela, perturbe le cours des choses et provoque inquiétude et colère.
C'est peut-être à la laideur du monde qu'Eova aura, un jour, choisi d'échapper.


Eova Luciole est le premier roman de Clara Dupont-Monod. J'ai découvert cette jeune auteur avec La Passion selon Juette, et je suis réellement tombée sous le charme... charme de l'intrigue, charme de l'écriture. Eova Luciole est totalement différent, et il n'est pas mauvais... Il est même tout à fait agréable à lire, il est doux et mignon... mais j'avoue ne pas retenir grand chose. Je pense même que je serais incapable d'écrire un résumé qui donnerait envie de le lire... Une petite fille a, de temps en temps, des ailes qui poussent dans son dos, ce qui effraie sa mère d'abord, puis le village tout entier. Il se passe une série de catastrophes, et les habitants du petit patelin mettent tout ça sur le dos (sans mauvais jeu de mot) de l'enfant : elle est le diable. Et puis elle s'en va, et puis elle revient... bon...

En conclusion, ce livre n'est pas désagréable mais il ne restera pas dans les annales... Il n'incite pas à découvrir un peu mieux cet auteur, ce qui est fort dommage parce que La Passion selon Juette vaut vraiment le détour.


Le soleil des Scorta

Roman adultes
Le soleil des Scorta

Laurent Gaudé
Actes Sud, 2004 - 246 p.

Note : 5/5

Quatrième de couverture : Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait vœu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent "l'argent de New York", leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela - dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements - confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.


C'est l'histoire d'une famille marquée par la malédiction et l'opprobre, une famille dont les membres sont voués à n'être que des "culs-terreux", des misérables, et où il n'existe qu'une seule vérité : la valeur de la sueur. Mais c'est aussi l'histoire de cette fierté des habitants de ce petit village de l'Italie et l'idée que rien n'importe plus que la famille.
« Tu n'es rien, Elia. Ni moi non plus. C'est la famille qui compte. Sans elle tu serais mort et le monde aurait continué de tourner sans même s'apercevoir de ta disparition. Nous naissons. Nous mourons. Et dans l'intervalle, il n'y a qu'une chose qui compte. Toi et moi, pris seuls, nous ne sommes rien. Mais les Scorta, les Scorta, ça, c'est quelque chose. » [pp.144-145]
C'est cette fierté qui se transmet de génération en génération. Et puis ça ressemble un peu à Cent ans de solitude (toutes proportions gardées, bien entendu, hein...n'égratignons pas le Chef-d'œuvre du Maître !) : l'histoire d'une famille, une histoire qui se répète de génération en génération, la fierté et la force de ses membres, l'amour, l'appréhension de la malédiction, les superstitions, les curés qui n'en sont pas vraiment...

Et puis il y a cette chaleur accablante. On sent le soleil frapper fort sur notre nuque, on sent la transpiration dégouliner le long de l'échine, on crève de soif, nos mains nous paraissent calleuses par le trop de terre retournée, de tomates ou d'olives récoltées...

Je suis entrée toute entière dans ce roman comme il y a fort longtemps que ça ne m'étais plus arrivé. J'ai ressenti leurs peines, leurs joies, leurs douleurs, leurs passions et leurs craintes... J'étais avec eux, le long du chemin poussiéreux sur lequel la pluie n'était plus tombée depuis de trop longues années... J'étais, moi aussi, devenue une Scorta.

→ Prix Goncourt 2004


Darling

Roman adultes
Darling

Jean Teulé
Pocket, 2007 - 242 p.

Note : 5/5

Quatrième de couverture : Elle voulait qu'on l'appelle « Darling ».
Elle y tenait !
Pour oublier les coups reçus depuis l'enfance, les rebuffades et les insultes, pour effacer les cicatrices et atténuer la morsure des cauchemars qui la hantent. Elle voulait que les autres entendent, au moins une fois dans leur existence, la voix de toutes les « Darling » du monde.
Elle a rencontré Jean Teulé.
Il l'a écoutée et lui a écrit ce roman.
Un livre unique.


Lecture "électro-choc", lecture traumatisante et en même temps, lecture presque espoir. J'y ai mis un 5/5 parce qu'il aurait été iridescent de faire autrement, parce qu'il est impossible et inhumain de juger quoi que soit de cette histoire.

L'histoire de celle qui a voulu qu'on l'appelle Darling n'est qu'une suite de malheurs, de coups, de traumatismes physiques et moraux. Elle a commencé "dans la merde" et y est restée, s'y enfonçant encore un peu plus chaque jour, chaque semaine, chaque année.

L'écriture de Jean Teulé reste en retrait de cette histoire hors-norme, et en même temps la rend lisible, redonne a cette personne un visage humain qu'elle-même ne voit plus. Le texte de Teulé est parsemé d'extraits de dialogues entre lui et Darling. Et on découvre une femme forte et fataliste qui n'arrive pas à pleurer sur son sort.

Il ets vraiment difficile de parler de cette lecture tant la vie de cette femme est invraissemblable. Un auteur l'aurait inventé, on aurait crié à la démence. Il parait inconcevable qu'une personne survive à tant de méchanceté, de brutalité, de violence.

Extrait :
« Sur la droite de la route, dans un champ de sarrasin, une trentaine de « battoux » en chapeau de paille faisaient chanter les fléaux. Presque arrivée à Heurleville, Suzanne repensa à l'incident de la place et à la peur qu'elle avait eue. Alors elle dit cette phrase extraordinaire :

— Je n'aime pas l'enfant que je porte. Après celui-là, je n'en aurait plus...

Et ce fut là l'unique fois de son existence où elle affirma quelque chose à son mari sans lui demander son avis.
Au lieu-dit La Barberie, la bétaillère se gara. Et Suzanne, encore secouée par les chantiers, mal de coeur, mal de mer et les intestins en bouillie à cause du cidre nouveau, se coucha et supplia :

— Le docteur Coligny...

Il arriva, renversa les pattes et les sabots de la mère au plafond et dit « Poussez ! » Elle poussa et un bébé rond jaillit ainsi qu'une chiasse monumentale... Le nouveau-né fit "floc" dans la diarrhée de sa mère.

— Merde, une fille ! dit le père. » [p.14]

→ Lecture suffocante, lecture envoutante de laquelle on ne peut décrocher. Je devrais peut être regarder l'adaptation cinématographique avec Marina Foïs... ou pas...


mercredi 26 août 2009

Le liseur

Roman adultes
Le liseur

Bernhard Schlink
Gallimard (Folio), 2009 - 242 p.

Note : 4.5/5

Quatrième de couverture : A quinze ans, Michaël fait la connaissance d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours et lui fait la lecture à haute voix. Cette Hanna, mystérieuse, disparaît du jour au lendemain.
Sept ans plus tard, Michaël assiste au procès de cinq criminelles parmi lesquelles il reconnaît Hanna. Elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée.
Il la revoit une fois, des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : « Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ? »


C'est l'histoire d'une passion improbable entre un garçon de 15 ans et une femme de 36 ans... C'est l'histoire d'un garçon qui fait la lecture à une femme qui le lui a demandé... C'est l'histoire d'une femme de 36 ans qui disparaît sans explication et d'un garçon de 15 ans qui se demande jusqu'à quel point il en est la cause... Mais c'est surtout l'histoire d'une femme jugée après avoir été surveillante dans deux camps de concentration et qui est responsable de la mort de femmes juives. Michaël a grandi, il est étudiant en droit et assiste au procès... Et il se demande ce qu'il a aimé chez cette femme, ce qu'il reste en elle de la surveillante des camps de concentration ; il se demande s'il l'aurait aimée de la même façon s'il avait su...
Mais il l'aime toujours, il l'aime à sa façon, mais il l'aime. Et il continue de lui faire la lecture... à sa façon... parce qu'il a percé le secret de cette femme trop souvent impénétrable, et il sait qu'elle a été condamnée trop durement, qu'elle s'est laissée accuser d'actes qu'elle n'a pas commis uniquement pour protéger son secret.
Et puis c'est l'histoire de notre Histoire. Ce sont les camps de concentration montrés du point de vue des surveillants. Et il y a cette question, gênante et lancinante, qui nous suit tout au long du récit : « Mais moi, qu'aurais-je fais à sa place ? ». Sortie de son contexte, la réponse parait évidente ; la question elle-même parait presque impertinente... mais elle s'avère réellement gênante dans le récit parce que la réponse est, à ce moment-là, largement moins évidente...

Ce n'est pas un livre sur les camps de concentration. C'est un livre sur une passion fulgurante qui s'efface un instant mais qui ne meurt pas. Un amour inscrit au plus profond de la chair, un amour dont on voudrait se débarrasser mais qui reste là, malgré les atrocités.

... et j'avoue avoir lâché un petit sanglot et deux larmichettes...


dimanche 23 août 2009

Voyage au bout de la nuit

Roman adultes
Voyage au bout de la nuit

Louis-Ferdinand Céline
Gallimard (Folio), 2007 - 505 p.

Note : 5/5

Quatrième de couverture : Le premier et le plus célèbre roman de Céline, le Voyage au bout de la nuit, est une geste contemporaine dont le héros, Ferdinand Bardamu, issu de la petite bourgeoisie faubourienne, nous emporte avec lui jusqu'au bout de ses expériences. De la Première Guerre mondiale aux prémices de la Seconde, on suit son chemin hasardeux en Afrique, aux Etats-Unis, dans la banlieue parisienne, à Toulouse...
Publié en 1932, Voyage au bout de la nuit obtint le prix Renaudot et fut accueilli comme un grand événement littéraire.


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« Roman picaresque, roman d'initiation, Voyage au bout de la nuit, signé Louis-Ferdinand Céline, Louis Destouches de son vrai nom, a été récompensé par le prix Renaudot en 1932. À la suite d'un défilé militaire, Ferdinand Bardamu s'engage dans un régiment. Plongé dans la Grande Guerre, il fait l'expérience de l'horreur et rencontre Robinson, qu'il retrouvera tout au long de ses aventures. Blessé, rapatrié, il vit le conflit depuis l'arrière, partagé entre les conquêtes féminines et les crises de folie. Réformé, il s'embarque pour l'Afrique, travaille dans une compagnie coloniale. Malade, il gagne les États-Unis, rencontre Molly, prostituée au grand cœur à Detroit tandis qu'il est ouvrier à la chaîne. De retour en France, médecin, installé dans un dispensaire de banlieue, il est confronté au tout-venant sordide de la misère, en même temps qu'il rencontre ici et là des êtres sublimes de générosité, de délicatesse infinie, "une gaieté pour l'univers"...
Épopée antimilitariste, anticolonialiste et anticapitaliste, somme de toutes les expériences de l'auteur, Voyage au bout de la nuit est peuplé de pauvres hères brinquebalés dans un monde où l'horreur le dispute à l'absurde. Mais, au bout de cette nuit, le voyage ne manque ni de drôlerie, ni de personnages fringants, de beautés féminines "en route pour l'infini". Texte essentiel de la littérature du XXe siècle, il est émaillé d'aphorismes cinglants, dynamité par des expressions familières, argotiques, et un éclatement de la syntaxe qui a fait la réputation de Céline. » Céline Darner


Ce bouquin ne peut pas se lire par saccades, il ne peut pas se lire trois pages par soir... En tout cas, je n'ai pas pu le lire comme ça. Il ne se lit que très difficilement au coucher, par exemple. Mais je pense que je resterai marquée... par l'écriture de Céline, d'abord, mais aussi par cette atmosphère générale... par le fait que même si Bardamu et les autres ont certainement connu quelques plaisirs, il en ressort une détresse absolue... de la noirceur, de la tristesse, du désespoir dans le sens "non-espoir"... et puis cet amour qui n'est pas comme il devrait être... et puis la méchanceté, la solitude... et puis aussi beaucoup de lâcheté...

C'est un roman essentiel de la littérature du XXème siècle et de la littérature en général. De par l'histoire, de part l'écriture, on n'en sort pas indemne...

Extraits :
« Tant que le militaire ne tue pas, c'est un enfant. On l'amuse aisément. N'ayant pas l'habitude de penser, dès qu'on lui parle il est forcé pour essayer de vous comprendre de se résoudre à des efforts accablants. Le capitaine Frémizon ne me tuait pas, il n'était pas en train de boire non plus, il ne faisait rien avec ses mains,ni avec ses pieds, il essayait seulement de penser. C'était énormément trop pour lui. » — [p. 121]
« Faire confiance aux homme c'est déjà se faire tuer un peu. » — [p. 176]
« C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir. » — [p. 236]
« Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment, ils ont l'air de rien les mots, pas l'air de dangers bien sûr, plutôt de petits vents, de petits sons de bouche, ni chauds, ni froids, et facilement repris dès qu'ils arrivent par l'oreille par l'énorme ennui gris mou du cerveau. On ne se méfie pas d'eux des mots et le malheur arrive. » — [p. 487]

→ M'enfin, ce Bardamu, quel coquin tout de même !! Il aimait bien les belles fesses !! Et j'ai adoré la mal qu'il s'est donné pour se faire sa petite partouse avec son pote Robinson (p.475). Et Sophie, sa "cochonne" du moment, qui admettait que Robinson ne l'excitait pas du tout, mais qui ne rechignait pas à une petite partouze avec lui... J'adore...!


lundi 17 août 2009

À l'abri de rien

Roman adultes
À l'abri de rien

Olivier Adam
Points, 2008 - 218 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Marie se sent perdue. Son mari, ses enfants sont le dernier fil qui la relie à la vie.
Ce fragile équilibre est bouleversé le jour où elle rencontre les « kosovars », ces réfugiés dont nul ne se soucie et qui errent, abandonnés, aux confins de la ville.
Négligeant sa famille, Marie décide de leur porter secours.
Et de tout leur donner : nourriture, vêtements, temps, argent, elle ne garde rien pour elle. Entraînée par une force irrésistible, elle s’expose à tous les dangers, y compris celui d’y laisser sa peau.
Avec ce roman, Olivier Adam nous rappelle que la violence qui frappe les plus faibles est l’affaire de chacun. Et trace le portrait inoubliable d’une femme dépassée par la force de ses sentiments.


C'est mon premier bouquin d'Olivier Adam, et je ne suis pas déçue. Il m'a vraiment pris aux tripes, au point de m'arracher quelques larmichettes sur la fin (ce qui est fort rare)... Je ne saurais le résumer correctement. En lisant la présentation de l'éditeur, on pourrait penser qu'il s'agit d'un combat d'une femme pour une cause. On pourrait imaginer une femme forte, prête à tout affronter pour la cause qu'elle défend. Mais ce n'est pas ça. C'est simplement l'histoire d'une femme qui perd pied, qui se noie dans sa vie, qui n'arrive plus à rien... Une femme qui voit mais qui n'arrive plus à comprendre. Elle se lance à corps perdu dans la "cause" des réfugiés, en ayant l'impression de ne plus se noyer et d'avoir à nouveau pied, mais on sent bien qu'elle ne peut en sortir indemne. Cette cause l'enfonce encore peu plus...

C'est un roman gênant, poignant, qui met mal à l'aise. On entre dans la dépression, puis dans la folie de Marie... On parvient à la comprendre tout en étant réellement gêné d'y parvenir... On délaisse sa famille avec elle, et on s'en veut d'arriver à les oublier un peu...
Marie pourrait être n'importe laquelle d'entre nous. On se rend compte à quel point la frontière est mince, et avec quelle facilité tout peut basculer dans cette "folie"...
Marie tente de se sauver en essayant de sauver ces réfugiés. Et on sait d'avance qu'elle va échouer. Elle le sait aussi ce qui ajoute au tragique de la situation...


lundi 27 juillet 2009

L'épopée du buveur d'eau

Roman adultes
L'épopée du buveur d'eau

John Irving
Seuil (Points), 1995 - 426 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Fred « Bogus » Trumper, fumiste farfelu, a un problème : son canal urinaire est trop étroit. Pour cesser de souffrir pendant l'amour, un seul remède : boire des litres d'eau. Sa femme veut le plaquer, sa maîtresse souhaite un bébé, et, surtout, le réalisateur d'un documentaire sur l'échec tient absolument à s'inspirer de sa vie... Vaille que vaille, Bogus s'obstine à croire qu'il pourrait bien, un jour, réussir quelque chose.

Voici l'épopée de Fred Bogus Trumper, entre litres d'eau, traduction de texte en nordique primitif inférieur, épouse anciennement championne de ski, maitresse exigeante, montages de films incompréhensibles... avec un soupçon de mensonge, mais surtout avec beaucoup de doutes, d'indécision, d'angoisse et d'anxiété... C'est la vie ordinaire d'un homme un peu moins ordinaire, d'un homme qui cherche un peu de bonheur et de quiétude.

Comme tous les bouquins d'Irving, c'est simplement une tranche de vie vue à travers le prisme d'une personne un peu atypique, mais pas tant que ça, finalement... Le titre aurait pu être « Le monde selon Trumper »... C'est « L'épopée du buveur d'eau », mais finalement c'est la même chose.

J'ai été un peu moins emportée que pour « Le monde selon Garp », mais ça reste un excellent bouquin. Et on retrouve sans problème la marque si particulière d'Irving. Ses bouquins sont reconnaissables dès les premières lignes : c'est drôle, plein de fantaisie, d'humour et d'ironie... c'est à la fois léger et tragique.

Si vous ne savez pas quoi lire, prenez donc un bouquin d'Irving, n'importe lequel, et je suis bien persuadée que vous ne serez pas déçus.


vendredi 17 juillet 2009

Retenir les bêtes

Roman adultes
Retenir les bêtes

Magnus Mills
10/18 (Domaine étranger), 2000 - 213 p.

Note : 4.5/5

Quatrième de couverture : Entrez dans le monde de Tam et Richie, austères travailleurs écossais. Deux types bougons et paresseux, mais bien décidés à filer au pub tous les soirs contre vents et marées. Voici que nos deux compères, avec leur nouveau contremaître, commencent à révéler au grand jour des profondeurs cachées. Expédiés sur un chantier en Angleterre par leur patron Donald, ils vont solder définitivement le compte de leurs clients tout en restant invariablement cramponnés à leurs petites habitudes, jusqu'au jour où le Destin viendra les frapper à leur tour.
Les brillants débuts d'un écrivain au talent inquiétant !


Je ne sais pas comment résumer ce livre tellement il est "autre"... Après quelques recherches sur Internet, je suis tombée sur cet article sur le site LeLibraire.com [article également paru dans Le Matricule des Anges, n°31 — juillet-août 2000] :
« C'était un samedi soir typique d'un bourg anglais. Les foules se déplaçaient de pub en pub comme un troupeau de gnous à la saison des pluies. »
Aussi rudes qu'indolents, ils sont des menhirs voués à l'absorption de bières et, occasionnellement, au travail salarié. Lorsque le patron (antipathique) de leur entreprise spécialisée dans la "clôture de forte tension" leur impose une formation sur le tas, la pelle et la pioche à la main, à propos des "clôtures de forte tension électrifiée", notez bien la nuance, l'un des gaillards s'écrit « Putain, il est pire que ma mère. » Voilà toute leur conscience politique. Leur ferme révolte consistant, bien entendu, à allumer un clope.
Encadré par un contremaître fraîchement nommé, le narrateur, Tam et Richie sont deux victimes de la Fatalité. Ils vont en toute innocence tuer par accident -la masse est un outil dangereux- deux clients et l'ex-patron de l'entreprise. La faute à pas de chance. « Le lendemain matin, par la fenêtre de la caravane, je vis notre avenir entreposé dans la cour. Visez-moi ce bazar... » Avec des pages qui rappellent la sobre causticité d'un Jules Renard, Mills n'en fait jamais trop. Forcément. Il réussit par la grâce de dialogues aussi goûteux qu'extravagants.
Ce livre est impossible à résumer. C'est tout simplement l'histoire de gars qui plantent des clôtures... Il n'y a pas vraiment d'action, il y a simplement des faits... Et puis c'est l'histoire de gars fainéants qui fument clopes sur clopes, et qui vont au pub tous les soirs... Et puis c'est surtout un livre plein d'humour noir et grinçant... Pile poil ce que j'aime !

Deux articles à lire : brindilles.net - chronicart.com

→ Ce livre est un OVNI... Inclassable, indescriptible... un monde à part... mais un gros coup de maître ! Un livre (et un auteur) à découvrir.


mardi 14 juillet 2009

Petits suicides entre amis

Roman adultes
Petits suicides entre amis

Arto Paasilinna
Gallimard (folio), 2005 - 291 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : « SONGEZ-VOUS AU SUICIDE ? Pas de panique, vous n'êtes pas seul. Nous sommes plusieurs à partager les mêmes idées, et même un début d'expérience. Ecrivez-nous en exposant brièvement votre situation, peut-être pourrons-nous vous aider. Joignez vos nom et adresse, nous vous contacterons. Toutes les informations recueillies seront considérées comme strictement confidentielles et ne seront communiquées à aucun tiers. Pas sérieux s'abstenir. Veuillez adresser vos réponses Poste restante, Bureau central de Helsinki, nom de code "Essayons ensemble". »

Deux suicidaires se retrouvent fortuitement dans une vieille grange où ils souhaitaient partir tranquilles. Entravés dans leurs funestes projets, ils se mettent en tête de rassembler d'autres désespérés pour monter une association. Commence alors, à bord d'un car de tourisme flambant neuf, un périple loufoque mené à un train d'enfer, des falaises de l'océan Arctique jusqu'au cap Saint-Vincent au Portugal pour un saut de l'ange final. Un récit désopilant doublé d'une réflexion mordante sur le suicide.


→ Petit livre totalement dépaysant et bourré d'humour... de l'humour potache, mais aussi beaucoup d'humour noir et d'ironie. Certains passages sont un peu longs et ennuyeux ; la fin ressemble beaucoup à un "tout est bien qui finit bien", ce que j'ai trouvé un poil décevant mais dans l'ensemble, on passe un bon moment.


J'irai cracher sur vos tombes

Roman adultes
J'irai cracher sur vos tombes

Boris Vian
10/18, 1995 - 208 p.

Note : 5/5

Quatrième de couverture : « Si vous le lisez avec l’espoir de trouver dans J’irai cracher sur vos tombes quelque chose capable de mettre vos sens en feu, vous allez drôlement être déçu. Si vous le lisez pour y retrouver la petite musique de Vian, vous l’y trouverez. Il n’y a pas beaucoup d’écrits de Vian dont il ne suffit de lire trois lignes anonymes pour dire tout de suite : « Tiens, c’est du Vian ! »
Ils ne sont pas nombreux, les écrivains dont on puisse en dire autant. Ce sont généralement ces écrivains-là qui ont les lecteurs les plus fidèles, les plus passionnés, parce qu’en les lisant, on les entend parler. Lire Vian, lire Léautaud, lire la correspondance de Flaubert, c’est vraiment être avec eux. Ils ne truquent pas, ils ne se déguisent pas. Ils sont tout entiers dans ce qu’ils écrivent. Ca ne se pardonne pas ça. Vian a été condamné. Flaubert a été condamné... »
Delfeil de Ton - Charlie-Hebdo, 1973


Lee Anderson, vingt-six ans, a quitté sa ville natale pour échouer à Buckton où il devient gérant de librairie. Il sympathise dans un bar avec quelques jeunes du coin. Grand, bien bâti, payant volontiers à boire, Lee, qui sait aussi chanter le blues en s'accompagnant à la guitare, réussit à séduire la plupart des adolescentes. Un jour il rencontre Dexter, le rejeton d'une riche famille qui l'invite à une soirée et lui présente les soeurs Asquith, Jean et Lou (17 et 15 ans), deux jeunes bourgeoises avec "une ligne à réveiller un membre du Congrès". Lee décide de les faire boire pour mieux les séduire... et poursuivre son sinistre dessein.

C'est le récit d'une vengeance, une dénonciation du racisme et de l'intolérance... Ce roman, tout comme les trois autres signés Vernon Sullivan, ne ressemble en rien à l'écriture des romans "officiels" de Vian. Il est noir, violent, terre à terre. Le héros accomplit sa vengeance froidement calculée à coup de parties de sexe totalement débridées. Lee Anderson fait froid dans le dos.

→ Ce livre est un pur bijou...

D'autres infos sur ce bouquin sur Le Chemin des aiguilles.


dimanche 19 avril 2009

La Passion selon Juette

Roman adultes
La Passion selon Juette

Clara Dupont-Monod
Le livre de poche, 2009 - 175 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Juette naît en 1158 à Huy, une petite ville de l'actuelle Belgique. Mariée à treize ans, elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes avides. Non au clergé corrompu. Elle n'a qu'un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre. A quelles extrémités arrivera-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l'Église n'aime pas les âmes fortes... De ce Moyen Âge traversé de courants mystiques et d'anges guerriers, qui voit naître les premières hérésies cathares, Clara Dupont-Monod a gardé ici une figure singulière de sainte laïque.

L'histoire d'une fille, puis d'une femme, qui se lève contre le monde établi, monde masculin, monde hypocrite, cruel et violent de l'Église... Elle refuse la vie qu'on lui trace, et décide de vivre sa vie et sa croyance en Dieu à sa façon... Elle devient donc une hérétique...
Mais avant cela, elle a été mariée, très jeune... Elle est tombée enceinte deux fois. Son premier bébé est mort-né, le second a vécu mais elle l'a toujours rejeté. Extraits :
« Comment croire que la copulation, un acte aussi infect, engendre la vie ? C'est impossible. Rien ne peut naître dans les larmes et la salissure. Moi, je comprends qu'un être ainsi conçu préfère mourir. Ce pauvre bébé a été plus clairvoyant que moi.
La maternité manque au tableau. Je ne suis pas encore une vraie femme. C'est une bonne nouvelle. La maternité, c'est l'addition d'un homme et d'une rivière de sang. Je suis sûre que la Vierge comprend cela. Elle au moins, elle est restée pure. Elle n'a pas connu l'aberration du corps qui gonfle. Le corps envahi de l'intérieur. C'est horrible, la chair enflée et les reins qui tirent. D'où vient ma punition ? Qui a décidé cela ? Moi, peut être. « Oui, je le veux »
J'ai encore très mal. Je ne peux pas oublier qu'une tête a glissé hors de moi. Dans mes pires cauchemars, je n'avais pas imaginé qu'un visage violet puisse surgir d'entre mes cuisses. » p.75
« Si seulement je pouvais accoucher d'un enfant mort, comme le précédent. » p.81
« L'enfant aussi a faim. Il hurle mais je refuse de le nourrir. Une voisine s'en charge.
Je ne lui ai pas donné de nom. Mon mari en a trouvé un. Il me l'a dit mais je ne m'en souviens plus. » p.91
« Je ferme la bouche pour ne pas hurler. Je sens un animal se débattre dans ma gorge. Mon ami s'en va. Je me lève pour le retenir, mais quelque chose s'agite sur mes jambes.
On a posé l'enfant sur mes genoux. Non, merci, cette chair rouge me dégoûte, vous pouvez le reprendre ? Ce n'est pas le moment, reprenez cet enfant. Hugues et Jean, attendez. Ils ont disparu. Donnez-le à la nourrice, voilà, qu'elle l'emmène très loin, vite, avant que je ne le jette contre un mur. » p.93
Le texte est violent, choquant... Mais avec un peu de recul, comment ne pas partager cette détresse ? L'histoire se déroule au Moyen Âge, où le mariage d'une jeune fille de 13 ans à un homme de 30 ou 40 ans son aîné était monnaie courante. Mais comment imaginer que ces jeunes filles pouvaient être heureuses ? Elles ne savaient pas grand chose des relations entre deux époux, elles découvraient donc le sexe et la maternité "sur le tas"... mais bien jeunes, et de façon bien violente...

→ Livre dense et pas toujours simple d'accès. Certainement à lire plusieurs fois... Très belle révélation.


La vie meurtrière

Roman adultes
La vie meurtrière

Félix Vallotton
Phébus (Libretto), 2009 - 205 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Si les toiles du célèbre Félix Valloton (1865-1925) frappent par leurs couleurs profondes, son roman La vie meurtrière, rédigé entre 1907 et 1908 et publié de manière posthume en 1927, est imprégné d'une inquiétante noirceur.

Jacques Verdier, artiste de vingt-huit ans, s'est suicidé à son domicile. Il a laissé à l'attention du commissaire qui constatera les faits une courte lettre et un pli. Dans ce pli, un manuscrit au titre intrigant, Un amour, déroule de façon implacable le récit d'une vie funeste...
Bien malgré lui, le défunt semble avoir provoqué depuis sa plus tendre enfance d'épouvantables accidents mortels. Crises cardiaques, chutes, empoissonnements, brûlures se sont multipliés autour de lui jusqu'à ce que la question lancinante de sa propre responsabilité l'accule à envisager une solution radicale. Jacques portait-il en lui, comme il le croyait un "fatal pouvoir", un "principe de mort" ?

L'histoire d'un petit garçon qui "sème" la mort autour de lui, sans le faire exprès... Un peu gaffeur, un peu joueur, il n'a pas beaucoup d'amis, et les quelques uns qu'il a meurent par sa faute. Il se replie donc sur lui et décide finalement de partir faire ses études à Paris. Il tombe amoureux... Mais là encore, la mort semble le suivre...

Une fois encore, je suis tombée complètement par hasard sur ce roman. Je ne savais pas que Vallotton avait écrit. Ce n'est certainement pas le roman du siècle, mais il est franchement plaisant. L'écriture est soignée, plus qu'agréable à lire... Largement plus qu'il n'en faut pour se régaler !

→ Si vous ne savez pas quoi lire, penser à Vallotton. C'est une très belle surprise.


Une jeune femme de soixante ans

Roman adultes
Une jeune femme de soixante ans

Jean Chalon
La Différence (Minos), 2003 - 155 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Un brocanteur de trente ans, Ourson, s'éprend d'une jeune femme de soixante ans, Nora Delmin. Nora et Ourson s'aiment assez pour vaincre le racisme de l'âge qui sépare inexorablement les générations. Nora Delmin, séductrice légendaire, ne tarde pas à transformer ses amours avec Ourson en un duoduel qui commence à Paris, se poursuit au Sahara, en Tunisie, en Suède, jusqu'à l'imprévisible dénouement final.

« La luxure à l'état pur ; je veux dire que tout est d'un intense érotisme dans ton oeuvre, absolument tout... ; les virgules elles-mêmes portent à la débauche... Et cependant, le plaisir évoqué par toi demeure innocent et bleu comme le ciel grec. »
François Augiéras, Lettre à Jean Chalon.

Roman déstabilisant, déroutant, irritant. On finit par avoir pitié de Nora, par la voir telle qu'elle est : vieille et à la limite du pathétique. Mais on ne peut pas s'empêcher de l'aimer. Elle évolue dans un monde qui s'éteindra avec elle, et elle s'en réjouit presque : il n'y aura pas "d'Après-Nora" ; après Nora, le vide, le néant.
Ourson, lui, vit avec son temps. Il est bisexuel et "consomme" de la chair fraîche quotidiennement. Il se vautre dans les relations d'un soir, prend et jette selon son bon plaisir.
Et ces deux êtres se rencontrent... Mais peuvent-ils réellement se comprendre ? Certainement pas.

→ Je suis tombée par hasard sur ce bouquin. J'ai aimé la couverture... alors je l'ai acheté... Comme quoi, les belles rencontres tiennent souvent à très peu de choses !


dimanche 22 mars 2009

Le magasin des Suicides

Roman adultes
Le magasin des Suicides

Jean Teulé
Pocket, 2008 - 157 p.

Note : 2/5

Quatrième de couverture : Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! Imaginez un magasin où l'on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l'humeur sombre jusqu'au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre...

Livre au titre prometteur, l'histoire est toute aussi prometteuse... Prometteuse de cynisme et d'humour noir et grinçant. Mais dès les premières lignes, on sent qu'on va s'ennuyer... L'écriture est fade, saccadée, comme forcée. Elle sonne faux. J'avais presque l'impression de lire une rédaction scolaire sur le thème : "Imaginez un monde où tout serait inversé, où les gens seraient tous malheureux et désespérés, et où cet état serait la norme." Et exactement sur le modèle de ces rédactions, il y aurait l'arrivée de "l'élément déclencheur" (ce sont les termes de mes professeurs de français du collège) : un garçon respirant la joie de vivre.

Je ne suis pas rentrée dans ce livre, il se lit vite, mais ne laisse pas grand chose. Et puis allez comprendre pourquoi l'auteur a fait zozoter ce pauvre gosse heureux... Je ne vois absolument pas l'intérêt. Au contraire, c'est pénible à lire et c'est mal fait. Je suis une adepte d'humour noir et de cynisme, mais là, franchement, je n'ai rien trouvé de tout ça.

Il semble que l'histoire se déroule dans le futur... Mais on ne sait rien là-dessus. Certes, ce n'est pas bien important, mais où est donc l'intérêt ? Et puis ce "futur" est un peu bateau... Les seules choses que l'auteur a trouvé à y poser sont une télé 3D, des pluies acides, le fait que les guitares sont tombées dans l'oubli, et le fait que le continent américain a été décimé par une éruption volcanique au "siècle dernier" et où la vie reprend peu à peu : des chercheurs iraniens ont trouvé du lichen à l'endroit où se situait New York... Super. Tout ça est un peu pauvre... Il aurait été intéressant de développer un peu tout ça, de planter un "vrai" décor, et de dire clairement que la population est dépressive.

Mais ce qui m'a gênée par dessus tout reste cette écriture... Je l'ai trouvée vraiment mauvaise (bon, il est facile de critiquer, je le conçois... mais là, quand même, c'est vraiment pourri. Si j'avais envoyé ce même texte à un éditeur, il est bien évident qu'il aurait refusé tout net de le publier). C'est un mélange d'écriture qui se veut soutenue et en même temps limite argotique... Ça aurait pu être intéressant, mais ça tombe complètement à l'eau. L'auteur abuse des phrases nominales, et là encore, ça n'a aucun sens (dans tous les sens du terme, d'ailleurs). Exemple :
« La beauté de leurs caresses voilées de vapeurs roses. Et la fille Tuvache remuant les lèvres. » p.105
Perso, je n'aime pas... Ou encore :
« Les grands yeux de cet enfant, guérisseur familier des angoisses humaines. Ses arcanes adorés où scintillent des trésors ignorés. Et ses jeux d'artifices, éruptions de joie, qui font rire le ciel muet et ténébreux de la cité des Religions Oubliées.
Quelque chose s'échappe de la gorge de Mishima comme un chant égaré. L'enfant s'en va.
M. Tuvache voudrait se lever mais il s'empêtre dans les draps comme un poisson qui se débat dans les mailles du filet. Il n'y arrive pas, abat ses bras sur la couverture. » pp.127-128
Je trouve ça chiant à mourir. Et puis la fin n'est pas bonne...

→ En clair, c'est une énorme déception...