Roman adultes
Dona Flor et ses deux maris : Histoire morale, histoire d'amour Jorge Amado
Stock (La Cosmopolite), 2006 - 708 p.
Note : 5/5
Quatrième de couverture : Jolie et rayonnante, cuisinière émérite, dona Flor est très aimée. On la plaint aussi parce qu'elle a épousé Vadinho, vaurien, joueur et coureur. Le roman s'ouvre au moment du carnaval et sur la mort inattendue de Vadinho, après sept ans de mariage. Dona Flor se console assez vite en épousant le très respectable docteur Teodoro. Mais cette existence calme et ordonnée prend fin le jour où dona Flor trouve Vadinho étendu nu sur le lit. Invisible à tous, l'homme s'est réincarné pour la seule dona Flor et entend bien jouir de ses droits de mari ...
A Bahia, terre des dieux, des danses et des résurrections, des transes et du candomblé, une telle aventure devient l'histoire d'une ville bien-aimée et de tout un peuple, une sorte de voluptueuse chronique.
Ce roman truculent et irrévérencieux est un chef-d'œuvre d'humour qui prend la forme d'un pied de nez à la morale. Un plat aux aromates puissants, à la saveur et à l'exubérance toute tropicale cuisiné de main de maître.
Roman fascinant, doux mélange de saveurs culinaires, d'amour de sensualité, de frustration, de doutes ... Je ne sais pas par où commencer ...
La quatrième de couverture résume assez bien l'histoire : Dona Flor est mariée à Vadinho, joueur et coureur, mais également homme au grand coeur qui aime son épouse passionnément. Il meurt subitement un jour de carnaval, alors qu'il est déguisé en Bahianaise, ce qui rend sa mort plus improbable encore ... Commence alors une longue et difficile période de deuil, qui se termine par la découverte d'un nouvel amour : Dona Flor épouse Teodoro, pharmacien de son état et juste contraire du premier mari. Il est prévoyant, attentionné, aimant et toujours présent ... La vie de Dona Flor ressemble enfin à la vie qu'elle a tant mérité ... jusqu'au jour où Vadhino réapparait, invisible aux yeux de tous. Il est revenu pour aimer sa femme et est bien décidé à rester ...
Voilà donc pour les faits, mais l'essentiel du roman n'est pas là ... L'intérêt du roman réside dans les sentiments, dans les sensations de Dona Flor. Femme aux talents culinaires incontestables et largement reconnus, elle est aussi appétissante que les plats qu'elle mitonne. Ses rondeurs ne sont que sensualité ... Et Vadhino savait leur rendre hommage ... Flor a découvert les joies de la chair avec ce vaurien, aussi imprévisible qu'attachant. Il aimait à honorer chaque partie du corps de sa femme ; il aimait l'amour, l'amour que l'on fait sans artifice et sans draps ...
La voilà donc veuve, seule, sans son Vadinho ... La première partie de son veuvage n'est que tristesse et profonde solitude, mais, au bout de quelques mois, l'appel de la chair commence à se faire sentir ... Sa "chochota" ne lui sert plus qu'à faire pipi, elle est "consumée par le feu de son ventre et de sa poitrine", mais craint de ne pas respecter les codes du veuvage. Elle est peu à peu attirée par d'autres hommes, mais en même temps, ne veut pas passer pour une femme de petite vertu. Elle cache donc son trouble, jusqu'à en perdre le sommeil. On en pleurerait pour elle.
Elle épouse Teodoro quelques temps plus tard. L'homme, qui n'a jamais connu qu'une seule femme, une prostituée, est un homme de grand respect. Il vénère sa femme et ne souhaiterait pour rien au monde lui procurer la moindre peine. Flor l'aime, bien entendu ... mais il est tellement prévisible ... Il honore sa femme tous les mercredis et samedis soir, avec une "redite" les samedis. Il ne ressemble en rien au fougueux premier mari ... chaque homme est différent, parait-il ...
A Bahia, terre des dieux, des danses et des résurrections, des transes et du candomblé, une telle aventure devient l'histoire d'une ville bien-aimée et de tout un peuple, une sorte de voluptueuse chronique.
Ce roman truculent et irrévérencieux est un chef-d'œuvre d'humour qui prend la forme d'un pied de nez à la morale. Un plat aux aromates puissants, à la saveur et à l'exubérance toute tropicale cuisiné de main de maître.
Roman fascinant, doux mélange de saveurs culinaires, d'amour de sensualité, de frustration, de doutes ... Je ne sais pas par où commencer ...
La quatrième de couverture résume assez bien l'histoire : Dona Flor est mariée à Vadinho, joueur et coureur, mais également homme au grand coeur qui aime son épouse passionnément. Il meurt subitement un jour de carnaval, alors qu'il est déguisé en Bahianaise, ce qui rend sa mort plus improbable encore ... Commence alors une longue et difficile période de deuil, qui se termine par la découverte d'un nouvel amour : Dona Flor épouse Teodoro, pharmacien de son état et juste contraire du premier mari. Il est prévoyant, attentionné, aimant et toujours présent ... La vie de Dona Flor ressemble enfin à la vie qu'elle a tant mérité ... jusqu'au jour où Vadhino réapparait, invisible aux yeux de tous. Il est revenu pour aimer sa femme et est bien décidé à rester ...
Voilà donc pour les faits, mais l'essentiel du roman n'est pas là ... L'intérêt du roman réside dans les sentiments, dans les sensations de Dona Flor. Femme aux talents culinaires incontestables et largement reconnus, elle est aussi appétissante que les plats qu'elle mitonne. Ses rondeurs ne sont que sensualité ... Et Vadhino savait leur rendre hommage ... Flor a découvert les joies de la chair avec ce vaurien, aussi imprévisible qu'attachant. Il aimait à honorer chaque partie du corps de sa femme ; il aimait l'amour, l'amour que l'on fait sans artifice et sans draps ...
Tombée sur le lit de fer, dona Flor frémissait. Cette nuit-là, le fiel se transforma en miel, de nouveau la douleur naissait dans le suprême plaisir ; jamais elle n'avait été si violente cavale montée par son fougueux étalon, si licencieuse chienne en chaleur et possédée, esclave soumise à la débauche, femme parcourant tous les chemins du désir, plaines de fleurs et de douceurs, forêts aux ombres humides et aux sentiers défendus, jusqu'au réduit final. Nuit où l'on pénétrait par les portes les plus étroites et les plus fermées, nuit de la reddition du dernier bastion de sa pudeur, oh ! Deo gratias, alléluia ! Quand le fiel se transforme en miel et que la douleur devient le rare, l'étrange, le divin plaisir, nuit faite pour se donner et recevoir. [p. 259]
La voilà donc veuve, seule, sans son Vadinho ... La première partie de son veuvage n'est que tristesse et profonde solitude, mais, au bout de quelques mois, l'appel de la chair commence à se faire sentir ... Sa "chochota" ne lui sert plus qu'à faire pipi, elle est "consumée par le feu de son ventre et de sa poitrine", mais craint de ne pas respecter les codes du veuvage. Elle est peu à peu attirée par d'autres hommes, mais en même temps, ne veut pas passer pour une femme de petite vertu. Elle cache donc son trouble, jusqu'à en perdre le sommeil. On en pleurerait pour elle.
Mais que vaut une fille sage, niaise et ignorante, si on la compare à une veuve dont le désir est fait de connaissance et d'absence, de besoin et de pénurie, de faim et de jeûne, lucide et insolent ? [p. 391]
Elle épouse Teodoro quelques temps plus tard. L'homme, qui n'a jamais connu qu'une seule femme, une prostituée, est un homme de grand respect. Il vénère sa femme et ne souhaiterait pour rien au monde lui procurer la moindre peine. Flor l'aime, bien entendu ... mais il est tellement prévisible ... Il honore sa femme tous les mercredis et samedis soir, avec une "redite" les samedis. Il ne ressemble en rien au fougueux premier mari ... chaque homme est différent, parait-il ...
Et Vadinho revient ... Vadinho et sa fougue, sa chaleur, sa passion ... Vadinho et son amour du jeu, sa joie de vivre, son air taquin ... Vadinho, le premier mari, le premier amour, le premier amant ... Flor est alors en proie à un cruel dilemme : doit-elle rester fidèle à Teodoro ou doit-elle s'abandonner dans les bras de son premier mari ? Elle craint de jeter le déshonneur sur le gentil pharmacien, elle ne veut pas le faire souffrir, ni lui "planter des cornes" ... mais Vadinho est de plus en plus entreprenant, et tellement irrésistible ...
→ Roman sensuel - Une femme, deux maris ... une seule solution : la bonne, celle qu'a choisie dona Flor.
→ Roman sensuel - Une femme, deux maris ... une seule solution : la bonne, celle qu'a choisie dona Flor.
J'ai regretté que Vadinho ne revienne pas plus tôt, le roman prend toute sa dimension à ce moment-là. Certains passages, notamment pendant la période du veuvage, m'ont semblé longs, mais en même temps m'ont permis de me mettre totalement dans la peau de Flor, je vivais son impatience et sa frustration ...
Et puis les petits à-côtés de l'histoire principale sont tout aussi croustillants que Flor ! Tout est là : les commères, les fainéants, les prostituées, le merveilleux et l'improbable ... J'ai retrouvé un peu de Garcia Marquez dans ce roman. Tout comme les Buendia peuvent vivre au-delà de 150 ans et voir des pluies de fleurs blanches s'abattre le jour de leur mort, Vadinho peut revenir d'entre les morts pour aimer et honorer sa femme... Et il n'y a rien de surnaturel dans tout ça, "et le croira qui voudra".
Et si tout ça ne vous a toujours pas convaincu de vous lancer dans cette lecture, n'oubliez pas que vous trouverez également d'appétissantes recettes de cuisine tout au long du roman ...
2 commentaires:
"oh ! Deo gratias, alléluia !
Une femme, deux maris ... une seule solution : la bonne, celle qu'a choisie dona Flor."
Merci, merci, divine liseuse, pour cet excellent article... J'en ai l'eau à la bouche, malgré que j'ai lu le livre deux ou trois fois... Il ne vous reste plus qu'à voir le film (il se trouve facilement sur la mule, mais peut-être pas en français...). Ah oui, un autre film extraordinaire sur le Brésil et une des plus belle histoire d'amour qu'il est possible d'inventer sur fond de carnaval : Orfeu Negro.... Prix du festival de Cannes en... 1960 (?)
...Et voilà... Amado devient le premier auteur de la liste... Et mon cousin reste en bonne place... Que du bonheur !!!
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