dimanche 6 avril 2008

Pourquoi j'ai mangé mon père

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Pourquoi j'ai mangé mon père

Roy Lewis
Pocket, 2001 - 182 p.

Note : 5/5


Quatrième de couverture : Approchez homo sapiens ! Ce livre vous fera hurler de rire ! Faites la connaissance d'une famille préhistorique : Edouard, le père, génial inventeur qui va changer la face du monde en ramenant le feu ; Vania, l'oncle réac, ennemi du progrès ; Ernest, le narrateur, un tantinet benêt ; Edwige, Griselda et autres ravissantes donzelles ...
Ces êtres délicieux font le monde autour du feu en dégustant des os à moelle. Regardez-les découvrir l'amour, s'essayer à la drague, se battre avec l'évolution ...
Situations rocambolesques, personnages hilarants d'un monde où l'homme est pourtant déjà homme : batailleur, jaloux, ingrat et aussi rétrograde. Un miroir à consulter souvent. Pour rire et réfléchir.

L'histoire du roman est simple et complexe : l'homme doit évoluer, coûte que coûte ... Edouard trouve le feu et le ramène au camp persuadé que cette bête est la clé de l'évolution ; Vania, son frère, ne veut pas de cette bête ni de l'évolution.
Ils étaient tous les deux d'honnêtes pithécanthropes aux principes inébranlables ; ils vivaient strictement en accord avec leurs croyances. Mais ces principes s'opposaient, absolument, sur tous les points. Chacun suivait sa propre voie, persuadé que l'autre commettait une tragique erreur sur la direction que devait prendre, pour évoluer, l'espèce anthropoïde. (p.12)
Se greffent autour de ces deux personnages, Ernest, le narreteur et fils du visionnaire, Tobie, Oswald, Mathilde, Griselda, et toute une flopée de personnages plus loufoques les uns que les autres.
Ta saloperie de feu va vous éteindre tous, toi et ton espèce, et en un rien de temps, crois-moi ! Yah ! Je remonte sur mon arbre, cette fois tu as passé les bornes, Edouard, et rappelle-toi, le brontosaure aussi avait passé les bornes, où est-il à présent ? Back to the trees ! clama-t-il en cri de ralliement. Retour aux arbres ! (p.18)

Les personnages semblent avoir tout à découvrir : ils viennent de descendre des arbres et de se redresser sur leurs pattes arrières ... On découvre les choses avec eux, et on se prend à s'émerveiller à notre tour : naissance de l'art, de la musique, de la danse, du droit d'auteur (opposition entre vision européenne et vision étasunienne), de la chasse, de la balistique, de la démocratie, de l'idée d'échange et de rétribution, de la drague et de l'amour ... Les possibilités sont prodigieuses !
L'amour ! Son ivresse ! Je maintiendrai toujours , si futile que fût en inventions et en développements culturels le moyen pléistocène, qu'une des plus grandes découvertes de ce temps, ce fut l'amour. Ca me prit, à l'époque, absolument au dépourvu. En un instant, je fus une créature aussi neuve, aussi fraîche, aussi souple, aussi joyeuse et libre qu'un serpent qui vient de changer de peau. Une libellule aux ailes radieuses après sa longue nuit de chrysalide. Je m'excuse de ces métaphores passablement usées, mais les nouvelles générations n'ont pas connu la merveille insouciante de cette première extase. La jeunesse d'aujourd'hui s'en est trop fait conter, elle sait à quoi s'attendre et elle attend monts et merveilles. Mais moi, personne ne m'avait prévenu. J'étais un nouveau-né. Aussi, quelle métamorphose ! Quel privilège insigne, que d'être le tout premier à vivre une nouvelle expérience humaine ! Et quand, cette expérience, c'est l'amour, imaginez-vous cela ? A présent, l'amour est devenu une sorte de routine, une marchandise de seconde main, même si les jeunes y trouvent encore une humble joie quand ils le découvrent au sommet d'une montagne, au coeur de la forêt ou sur le bord d'un lac, il a pris sa place nécessaire dans le processus évolutionnaire - mais, ah ! quand à peine il venait d'éclore pour la première fois ! (pp. 115-116)

→ Roman hilarant, ironique, qui met le doigt sur certaines absurdités de notre quotidien et de nos façons de penser. Roman plein de décalages qui ne font qu'amplifier l'humour : anachronismes, prénoms distingués, personnages qui s'expriment dans un registre de langue très soutenu ...

→ A lire, relire et relire encore !


4 commentaires:

M. Ogre a dit…

...Celui-là, il faut absolument que je le relise rapidement... Votre superbe commentaire ravive en moi ce désir... C'est donc bien noté !!!

Anonyme a dit…

Il me semble bien qu'il se balade dans la maison celui-là ! Au vu du titre, on croirait pas qu'il contient tout les mystères de l'évolution ! hihi. Je vais m'y mettre alors ! (un jour...)

PetitChap a dit…

M.Ogre >> Oui, je crois qu'en fait, le secret de ce bouquin est dans sa relecture. La première lecture est drôle, mais il me semble que j'étais passée à côté de mal de choses. La relecture a révélée quelques perles ... Mais c'est souvent le cas des relectures, non ?!

Elbereth >> Je ne peux que te le recommander chaudement. Je suis certaine que tu passeras un bon moment, vraiment.

M. Ogre a dit…

...Certes... Va, pour les perles alors... dont vous êtes, très chère...