mardi 8 avril 2008

Autobiographie d'une courgette

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Autobiographie d'une courgette

Gilles Paris
J'ai lu, 2007 - 254 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : « Elle ressemble à une poupée de chiffon toute molle et ses yeux sont grands ouverts. Je pense aux films policiers où des tas de femmes se font tuer et après elles ressemblent à des tas de chiffons toutes molles et je me dis "c'est ça, j'ai tué maman". »
Ainsi commence l'aventure d'Icare, alias Courgette, un petit garçon de neuf ans qui tue accidentellement sa mère alcoolique d'un coup de revolver. Paradoxalement, la vie s'ouvre à lui après cette tragédie, et peut-être même un peu grâce à elle. Placé dans un foyer, il pose avec une naïveté touchante son regard d'enfant sur un monde qu'il découvre et qui ne l'effraie pas. De forts liens d'amitié se créent entre lui et ses camarades. Et puis surtout, il tombe amoureux de Camille ...

Style d'écriture un peu à la "Petit Nicolas" de sempé et Goscinny. L'humour est moins potache, mais le roman est construit autour de la sensiblerie des enfants et de leur regard sur le monde des adultes ... Enfants qui ne sont d'ailleurs pas tout à fait des enfants, adultes qui ne sont pas tout à fait des adultes ...

Extraits :
- C'est joli, ce petit bouton noir, dit Camille. Tu as sûrement un secret caché à l'intérieur.
Et elle appuie dessus pour connaître mon secret et je la regarde et elle se penche pour m'embrasser sur la bouche.
C'est comme à la télé.
Camille, j'ai envie de me marier avec, sauf que dans les films les gens qui s'aiment sont toujours très vieux.
- Tu crois que c'est mal ? je demande.
- Quoi?
- S'embrasser sur la bouche, tu crois que c'est mal ?
- Je sais pas, répond Camille.
- A quoi tu penses ? je demande.
- Arien, dit Camille sur mes lèvres et elle sort sa langue et j'ouvre grand la bouche et je sais pas quoi faire.
-Il faut que tu sortes ta langue et que tu joues avec la mienne, comme si tu voulais l'attraper. Maman faisait ça avec le monsieur.
Et je joue avec sa langue et je me sens tout bizarre et j'ai super chaud.
- T'as pas chaud, toi ? je demande.
Et on rigole sans savoir pourquoi.
Camille est coiffée de brins d'herbe. On dirait la fée Clochette.
Je vois plus le ciel, juste son visage au-dessus du mien et sa bouche qui rit et je chatouille Camille et elle aussi et on rit encore plus fort et on roule dans l'herbe et j'ai jamais été aussi heureux, même quand maman me faisait sa purée. (pp. 86-87)

L'église, c'est la maison au bon Dieu qui y est jamais.
Ça m'étonne pas, vu qu'il fait toujours méga froid dans sa maison. Le bon Dieu, Il est pas idiot, Il est bien au chaud dans les nuages avec le soleil qui Le chauffe au-dessus et Il se protège des gens qui ont toujours un truc à Lui demander.
- Surtout de l'argent, dit Simon.
Rosy dit que le bon Dieu nous voit tout le temps et qu'Il sait tout sur nous, même quand on fait une bêtise, et qu'Il nous aime quand même et qu'Il nous pardonne tout.
Camille dit que la sorcière lui dit tout le temps le contraire et que le bon Dieu ne l'aime pas à cause de son père qui buvait et de sa « Marie couche-toi là de mère » et qu'elle ira les rejoindre en enfer où le diable lui brûlera les pieds. J'ai répondu à Camille que la sorcière disait n'importe quoi vu que la copine au bon Dieu elle se couche là où elle peut, vu qu'y a pas de lits dans l'église. Camille dit que de toute façon sa maman s'appelait Françoise et pas Marie, et je dis « tu vois bien qu'elle dit n'importe quoi la sorcière » et Rosy dit « taisez-vous, vous êtes dans la maison du bon Dieu » comme si on savait pas. (pp.89-90)

Il faut les regarder, ces adultes, jouer aux grandes personnes et faire plus de bêtises que nous les enfants. C'est vrai qu'on est pas aussi sages que les images qui bougent jamais, mais bon, c'est pas les enfants qui cambriolent les maisons ou font sauter le sgens avec des bombes ou tirent avec des carabines, à part moi,mais c'était juste un revolver et j'ai pas fait exprès. Eux, les méchants, c'est toujours exprès, pour faire du mal aux gens et leur voler leurs économies et c'est pas bien. Après les gens dorment sous les ponts et ils attendent d'être aspirés par le ciel pour plus avoir à se soucier de rien. (p. 116)


→ Roman qui, malgré sa fin un peu facile "Tout est bien qui fini bien ...", est drôle, émouvant, touchant ... plein d'amour et d'amitié vraie, d'entraide et de solidarité entre ces gamins seuls au monde.

→ Très beau petit roman. Se lit vite.


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