mercredi 30 décembre 2009

La moustache

Roman adultes
La moustache

Emmanuel Carrère
Gallimard (Folio), 2005 - 182 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou ? Voudrait-on vous le faire croire ? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens ? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenu.

Le gars se rase la moustache pour faire une blague à sa femme et à leurs amis. Quand l'épouse rentre, elle ne fait aucune remarque. Même chose lors du diner chez un couple d'amis : personne n'évoque ce changement physique. Bon, peut être ont-ils tous décidés de jouer la comédie, de faire semblant de ne rien remarquer, le tout dans le but de lui retourner la farce et de faire de lui l'arroseur arrosé. Certainement, d'ailleurs. Il n'y a pas d'autre solution.
Mais quand, excédé, il demande à son épouse d'arrêter ce jeu qui devient stupide parce que trop long, elle lui assure qu'il n'a jamais eu de moustache... La dispute éclate, il va même jusqu'à fouiller les poubelles qu'il vient de descendre : il montre les restes de sa moustache à son épouse. Pourquoi refuse-t-elle d'admettre qu'il n'en portait pas ? Et pourquoi a-t-elle caché toutes les photos ? Elle devient folle, il n'y a pas d'autre solution... A moins que...

C'est un roman flippant parce que sur la folie... de l'homme, de l'épouse...? On a du mal à se faire une opinion au départ. On rit... puis on rit jaune... puis on est complètement paumé, exactement comme l'homme... puis on comprend petit à petit, en même temps que lui, que tout ce qu'on croyait être son quotidien n'est en réalité qu'une illusion fabriquée par son esprit. C'est un roman dérangeant, un roman qui fait se poser des questions.

En lisant le roman, au départ, je ne savais pas que penser de tout ça, je ne savais même pas si j'appréciais ce que j'étais en train de lire... parce que ce que je lisais était déstabilisant, je ne savais pas sur quel pied danser, je ne comprenais plus ce qui se passait, je ne savais qui croire de l'homme ou de la femme, j'étais paumée. Et je n'aimais pas ça. Mais quand on commence à admettre que le malade, dans l'histoire, n'est peut être pas celle qu'on pense, tout va mieux... et finalement, on est presque soulagé de comprendre que c'est nous — à travers l'homme — qui sommes malades. J'ai adoré ce bouquin.

J'ai lu différents avis sur le dénouement ; en règle générale, il est critiqué. En ce qui me concerne, il me semble évident. Il n'y avait pas d'autre issue possible.

M'enfin, on aura beau dire, on aura beau faire, le pauvre Emmanuel Carrère est bien torturé...


1 commentaire:

Elbereth a dit…

J'ai po lu, mais j'ai vu le film... Très long, très chiant, mais avec un point commun a ce que tu dis ici : déstabilisant.
Peut-être le livre a fait mieux, en tout cas, je l'espère...