samedi 18 octobre 2008

Le vieil homme et la mer

Roman ado-adultes
Le vieil homme et la mer

Ernest Hemingway
Gallimard (Folio), 2007 - 148 p.

Note : 4/5

Présentation : Le vieil homme et la mer a pour héros Santiago, un vieux pêcheur cubain très pauvre. Il n'a qu'une affection dans sa vie : un gamin qui l'accompagne à la pêche. Mais la pêche est depuis longtemps mauvaise, et les parents du gamin ne veulent plus qu'il aille avec ce trop vieil homme qui n'a pas rapporté un poisson depuis si longtemps – depuis quatre-vingt-quatre jours exactement. Alors, le quatre-vingt-cinquième jour, le vieux prend son bateau et part tout seul sur la mer. Un énorme espadon mord à son hameçon. Après une lutte terrible qui dure trois jours, il a enfin raison du grand poisson et peut l'amarrer mort dans sa barque. Mais, comme le vieux, enfin, met le cap sur la terre, les requins arrivent et, malgré ses efforts pour les chasser, ils dévorent peu à peu l'espadon tout entier. Quand Santiago rentre au port, complètement épuisé, il ne reste de l'espadon que la tête et l'arête.
Il faut voir dans ce poème épique, aux résonances bibliques et homériques, une parabole : celle de la victoire dans la défaite. C'est un thème cher à Hemingway. L'homme ne triomphe jamais tout à fait – et ici l'échec est total. Mais ce qui importe c'est l'effort pour braver le destin – et ici l'effort est immense.
Ce récit est écrit dans une langue familière et grandiose à la fois. Hemingway y réussit, avec une aisance admirable, la synthèse difficile entre une vision réaliste de la vie et une mystique du courage et de l'espoir indestructibles de l'homme. On a vu avec raison dans Le vieil homme et la mer un des chefs-d'œuvre de Hemingway.

Je n'ai pas grand chose à ajouter à cette présentation... si ce n'est que je ne vois pas cette histoire comme un échec... C'est une quête initiatique... Il ne pouvait pas rentrer au port avec un magnifique espadon tout beau tout neuf... Il rentre avec la preuve de sa victoire, de ses batailles, et c'est bien plus important.

Extraits :
Il appelait l'océan la mar, qui est le nom que les gens lui donnent en espagnol quand ils l'aiment. On le couvre aussi d'injures parfois, mais cela est toujours mis au féminin, comme s'il s'agissait d'une femme. Quelques pêcheurs, parmi les plus jeunes, ceux qui emploient des bouées en guise de flotteurs pour leurs lignes et qui ont des bateaux à moteurs, achetés à l'époque où les foies de requins se vendaient très cher, parlent de l'océan en disant el mar, qui est masculin. Ils en font un adversaire, un lieu, même un ennemi. Mais pour le vieux, l'océan c'était toujours la mar, quelque chose qui dispense ou refuse de grandes faveurs ; et si la mar se conduit comme une folle, ou comme une mégère, c'est parce qu'elle ne peut pas faire autrement : la lune la tourneboule comme une femme. [pp. 32-33]
« Tu veux ma mort, poisson, pensa le vieux. C'est ton droit. Camarade, j'ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ca m'est égal lequel de nous deux qui tue l'autre.
« Qu'est-ce que je raconte ? pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson. » [p. 109]
— Mais l'homme de ne doit jamais s'avouer vaincu, dit-il. Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu. [p. 121]

Et puis c'est l'histoire de l'amour et du respect ; amour et respect de l'autre, du vieux, du gosse, des pêcheurs, de la mer, des poissons, de l'espadon, des requins... amour et respect de la vie. C'est une fable, c'est un conte... J'ai adoré ce bouquin.


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