vendredi 9 octobre 2009

Lacrimosa

Roman adultes
Lacrimosa

Régis Jauffret
Gallimard, 2008 - 217 p.

Note : 3.5/5

Quatrième de couverture : « Vous étiez dans les bras de votre mère. Vierge à l'Enfant, Pietà, mais en guise de crucifié c'était seulement une jeune femme qui s'était pendue. Quand leurs filles meurent, les femmes en redeviennent grosses jusqu'à la fin de leur vie. Leur ventre est beaucoup plus lourd que la première fois. »

Échange épistolaire entre l'amant et la défunte Charlotte. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le bouquin, à comprendre, à entendre les personnages, leurs cris, leurs douleurs. Une fois entrée dans le livre, je me suis laissée embarquer dans cette histoire pas franchement banale.
Un amant largement plus âgé que la femme, un amant qui ne cherche plus à s'engager dans quoi que soit, un amant égoïste, égocentrique, et solitaire qui n'a de cesse de se réfugier dans son antre, un amant écrivain qui essaie en permanence de coucher les choses sur papier... mais un amant qui aime malgré tout cette femme ; il l'aime à sa façon, mais il l'aime.
Une femme de 35 ans qui a toujours eu ce vague à l'âme, une femme qui a été internée à l'âge de 18 ans pour dépression et qui a tenté de se suicider déjà plusieurs fois, une femme qui lutte pour vivre mais qui est finalement pas si malheureuse que ça, une femme passionnée, exaltée, violente, une femme entière dans ses bonheurs et dans ses dépressions, une femme avec une vie en dents de scie, une femme qui couche avec un jeunot mais qui se réfugie au moindre mal chez l'amant plus âgé.

Bref, une histoire compliquée. Tout comme le sont leurs rapports.

La femme, Charlotte, se pend dans sa chambre. Et l'amant esseulé entreprend alors de coucher sur papier un ultime échange, échange posthume dans lequel chacun essaiera de se cacher une dernière fois à l'autre, de lancer les dernières piques, d'afficher les dernières rancoeurs, de se déchirer une dernière fois... mais un échange dans lequel chacun dira à l'autre, de façon certes maladroite mais ô combien évidente, à quel point ils se sont aimés.

J'ai particulièrement apprécié la fin du bouquin, les trois ou quatre dernières lettres, celles qui évoquent le suicide et l'après suicide (le désespoir de l'amant, l'enterrement...). Les masques tombent, il ne reste plus que les sentiments vrais, l'amant et Charlotte ne se cachent plus, ils oublient les rancoeurs et les mesquineries, ils laissent leur souffrance éclater. On se prend ça en pleine face, ça fait mal, mais j'ai particulièrement aimé ce passage. On reste scotché, les mains crispées sur le livre. Il y a un comme un sentiment d'inachevé, de chose gâchée. On a envie de hurler pour eux...

→ C'était la première fois que je lisais un bouquin de Régis Jauffret, et ce n'était peut être pas le meilleur choix pour entrer dans son monde... J'en essaierai quand même un autre.


2 commentaires:

michèle pambrun a dit…

Vous pouvez essayer "Microfictions" 595 facettes (une cinquantaine de lignes chacune) du noir de l'existence.

Ou "Univers, univers", figure de femme dans sa cuisine qui pendant que le gigot cuit, passe en revue toutes les identités qu'elle aurait pu avoir.

PetitChap a dit…

Chère Michèle, je vous remercie de votre passage et de votre petit mot.

Ma pile de livres à lire ne cesse d'augmenter, et il me semble que "Asiles de fous" en fait partie. Pour des raisons tout à fait pratiques, j'imagine qu'il sera "mon prochain" Jauffret... mais je garde vos références sous le coude...