vendredi 7 novembre 2008

Robinson Crusoé

Roman ado-adultes
Robinson Crusoé

Daniel Defoe
Traduction de Pétrus Borel ; préface, chronologie, notice, bibliographie et notes de Michel Baridon, professeur à l'Université de Bourgogne.
Gallimard (Folio classique), 2001 - 508 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Robinson Crusoé est avec Don Quichotte l'un des deux archétypes du roman occidental. C'est l'œuvre de la vieillesse de Defoe (1719). Elle conte l'histoire d'un homme modeste, seul par nécessité, grand lecteur de la Bible, et qui serait ennuyeux s'il ne vivait des aventures « étranges et surprenantes », seul dans son île pendant vingt-huit ans. Le livre exprime aussi les aspirations et les craintes des lecteurs : ceux-ci s'offrent une aventure sans risque, grâce au malheur d'autrui. Reste le mythe, fait des grands thèmes qui hantent l'homme aujourd'hui : le naufragé dans l'île, l'idylle « verte », l'aspiration, loin de toute technique, à un degré zéro de civilisation, la nostalgie de la pureté originelle. Son île est le microcosme où toute civilisation vit en pensée grâce à lui.

En réalité, le véritable titre du bouquin est :
« La vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé, marin natif de York, qui vécut vingt-huit ans tout seul sur une île déserte de la côte de l'Amérique près de l'embouchure du fleuve Orénoque, après avoir été jeté à la côte au cours d'un naufrage dont il fut le seul survivant et ce qui lui advint quand il fut mystérieusement délivré par les pirates. »
Tout le monde connait plus ou moins l'histoire de Robinson Crusoé, mais je ne l'avais jamais lu dans son intégralité. C'est donc l'histoire d'un type qui échoue sur une île déserte, et qui se débrouille avec les moyens du bord pour survivre, pour se créer un quotidien, et pour finalement être très correctement installé. Et puis arrivent les "sauvages cannibales", puis les pirates... Et puisque tout est bien qui finit bien, il arrive finalement à rejoindre l'Angleterre et à couler des jours heureux, assis sur un gros tas d'argent. Voilà voilà...

C'est un vrai roman d'aventure, avec tous les ingrédients nécessaires : un homme issu d'une riche famille mais qui ne sait pas bien ce qu'il veut faire de sa vie, des bateaux, la mer, des naufrages (oui parce qu'il y en a plusieurs, en fait...), des voyages dans des pays "exotiques" (sur la côte africaine, sur la côte d'Amérique du sud... tout ce qui n'est pas l'Europe est considéré "exotique" au 18e siècle...), une île déserte, un perroquet, des "méchants" cannibales... L'histoire n'est pas pleine de suspense et de rebondissements, mais je reconnais qu'on se laisse facilement happer... Et puis on essaie de s'identifier un peu à ce pauvre Robinson : "Ah oui, tiens, moi-aussi j'aurais tenu le compte des jours en faisant une entaille sur un tronc d'arbre" ; "Waouh ! Trop malin le Robinson !! J'aurais jamais pensé à bâtir une forteresse !!" ; "Quel con ce Robinson, pourquoi n'a-t-il pas pensé plus tôt à faire de l'élevage de chèvres et à boire leur lait ?!" ...
Bref, c'est assez chouette et plutôt divertissant...

Et puis le roman a été écrit au 18e siècle... et les tournures des phrases ne sont pas tout à fait celles que nous avons pris l'habitude de lire. Les phrases sont "belles", longues, bien construites ; les verbes sont conjugués dans des temps que nous n'utilisons plus : imparfait du subjonctif et consorts... C'est super agréable à lire. J'ai adoré, vraiment...

Le seul bémol, et il est quand même de taille me semble-t-il, c'est la psychologie du personnage... Si on s'arrête à le lecture "bête et méchante" du bouquin, l'histoire est divertissante et le personnage est assez attachant... Alors bon, quand Robinson se met à lire la Bible et à voir des signes de Dieu un peu partout, on se dit qu'on ferait peut être (et je dis bien "peut être" !) comme lui... Il s'ennuie à mourir, il est seul... Admettons. Mais j'avoue que sa façon de juger les cannibales, sa façon de traiter Vendredi (de l'appeler "chien" par exemple), le fait qu'il se soit proclamé chef des pirates libérateurs... m'a un peu gênée. J'ai vu en Robinson un être qui, bien qu'il tente de remettre en question sa façon de juger et de penser, est bien persuadé de sa supériorité de par sa nationalité, sa couleur de peau et sa religion. D'un côté, il y a les sauvages, les cannibales, les hors-la-loi qui sont considérés comme des sous-hommes (ils se considèrent d'ailleurs aux-mêmes comme tels dans le cas des pirates qui tentent un repentir en jurant fidélité jusqu'à la mort à l'"Anglais qui lit la Bible") ; de l'autre côté, on trouve l'homme bon qui, bien qu'il ait oublié la religion durant ses premières années en mer, se repent dès qu'il commence à lire la Bible sur l'île...

Mais voilà, le roman a été écrit par un anglais au 18e siècle... et cet esprit colonisateur et supérieur est, me semble-t-il, présent tout au long du roman. Alors certes, ça n'en gache pas la lecture, mais bon, ça m'a un peu gênée...

Après Le vieil homme et la mer, après L'île au trésor, après Robinson Crusoé, je m'attaque à Vendredi ou les limbes du pacifique... C'était une petite série "Aventure chez les Classiques" !!


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