Roman adultes
La fête des masques
Sami Tchak
Gallimard (Continents noirs), 2004 - 104 p.
Note : 4/5
Quatrième de couverture : C'est Catherine Lara qui rythme les premières pages de ce roman, narquois et doux requiem érotique pour une société défunte.
« Babylone, c'est la fête au château / On va enfin changer de peau / Les masques sont de trop / Ils n'auront pas le dernier mot. »
Le jour où Carla déguise son petit frère Carlos en jeune femme, elle ignore qu'elle le pousse vers la perspective la plus importante de sa vie : « En tout cas, il faut le dire, rien au monde n'avait produit sur et en moi un effet comparable à celui qui résulta de cette vaine attente, l'attente du pays d'Oscar Wilde. » Elle ignore aussi qu'il rencontrera Antonio, qui berce sa mère au son de sa voix : « Il se pencha sur elle et, comme d'habitude, c'est lui qui chanta pour l'endormir. Et, comme d'habitude, pénétrée par cette voix devenue sa richesse depuis des années, elle s'endormit. » Elle ignore enfin qu'il va s'enchanter de sa propre mort : « Sa décision de me tuer me réjouit donc, et, si je m'étais tué moi-même, comme je l'aurais frustré, cet enfant ! »
Un savoureux badinage au cœur du crime.
Sami Tchak, écrivain d'origine togolaise, qui vit en France depuis le 2 novembre 1986, nous donne, avec La fête des masques, une suite romanesque de son pessimisme joyeux.
Incroyable mais vrai : la quatrième de couverture est fausse... ou en tout cas, mal écrite. On pourrait croire que le fils de la défunte se réjouit de la mort de sa mère (Elle ignore enfin qu'il va s'enchanter de sa propre mort). Or, il faut comprendre : Carla (la soeur) ignore que Carlos va s'enchanter de sa propre mort à lui... Bref... C'est peut être moi qui ne comprends pas bien les choses... Passons.
L'histoire est assez complexe à résumer, même si le livre est court. On ne sait pas où ça se passe, on imagine que c'est peut être dans un pays d'Amérique du Sud, un pays en tout cas où la corruption et le sexe règnent en maître au cœur du gouvernement.
Carlos croise un jeune homme dans la rue, et, bien qu'ils ne se soient jamais vus, lui offre un billet de 100 dollars en lui prédisant une prochaine rencontre. Il a rendez-vous avec une dame, chez elle. Après l'avoir écoutée raconter des banalités, ils font l'amour. Carlos souhaite la payer, elle refuse. Il s'emporte, persuadé qu'elle lui reproche d'avoir un sexe bien trop court. Il la tue.
Fasciné par le corps de cette morte, il reste près d'elle... la nettoie, lui parle... se soulage à nouveau... Et le fils de cette femme arrive... Et on découvre alors le passé de Carlos. Il évoque son enfance ; sa soeur Carla et sa brassée d'amants, tous plus riches les uns que les autres ; son père violent et sa mère qui aimait se faire battre ; la tyrannie de sa soeur...
C'est un roman fascinant, en réalité. Il se lit d'un seul trait. Certes, il ne fait que 100 pages, ce qui écourte évidemment la lecture, mais on ne peut pas en décrocher. C'est un roman de paradoxes : il fascine en même temps qu'il dégoute. C'est un roman qui gêne, mais qui est irrésistiblement attirant... C'est vraiment étrange... Il est déroutant, il est politiquement incorrect, il est répugnant par moment... mais il est bon, il est excellent.
→ Excellent roman... Un auteur à découvrir !
Sami Tchak
Gallimard (Continents noirs), 2004 - 104 p.
Note : 4/5
Quatrième de couverture : C'est Catherine Lara qui rythme les premières pages de ce roman, narquois et doux requiem érotique pour une société défunte.
« Babylone, c'est la fête au château / On va enfin changer de peau / Les masques sont de trop / Ils n'auront pas le dernier mot. »
Le jour où Carla déguise son petit frère Carlos en jeune femme, elle ignore qu'elle le pousse vers la perspective la plus importante de sa vie : « En tout cas, il faut le dire, rien au monde n'avait produit sur et en moi un effet comparable à celui qui résulta de cette vaine attente, l'attente du pays d'Oscar Wilde. » Elle ignore aussi qu'il rencontrera Antonio, qui berce sa mère au son de sa voix : « Il se pencha sur elle et, comme d'habitude, c'est lui qui chanta pour l'endormir. Et, comme d'habitude, pénétrée par cette voix devenue sa richesse depuis des années, elle s'endormit. » Elle ignore enfin qu'il va s'enchanter de sa propre mort : « Sa décision de me tuer me réjouit donc, et, si je m'étais tué moi-même, comme je l'aurais frustré, cet enfant ! »
Un savoureux badinage au cœur du crime.
Sami Tchak, écrivain d'origine togolaise, qui vit en France depuis le 2 novembre 1986, nous donne, avec La fête des masques, une suite romanesque de son pessimisme joyeux.
Incroyable mais vrai : la quatrième de couverture est fausse... ou en tout cas, mal écrite. On pourrait croire que le fils de la défunte se réjouit de la mort de sa mère (Elle ignore enfin qu'il va s'enchanter de sa propre mort). Or, il faut comprendre : Carla (la soeur) ignore que Carlos va s'enchanter de sa propre mort à lui... Bref... C'est peut être moi qui ne comprends pas bien les choses... Passons.
L'histoire est assez complexe à résumer, même si le livre est court. On ne sait pas où ça se passe, on imagine que c'est peut être dans un pays d'Amérique du Sud, un pays en tout cas où la corruption et le sexe règnent en maître au cœur du gouvernement.
Carlos croise un jeune homme dans la rue, et, bien qu'ils ne se soient jamais vus, lui offre un billet de 100 dollars en lui prédisant une prochaine rencontre. Il a rendez-vous avec une dame, chez elle. Après l'avoir écoutée raconter des banalités, ils font l'amour. Carlos souhaite la payer, elle refuse. Il s'emporte, persuadé qu'elle lui reproche d'avoir un sexe bien trop court. Il la tue.
Fasciné par le corps de cette morte, il reste près d'elle... la nettoie, lui parle... se soulage à nouveau... Et le fils de cette femme arrive... Et on découvre alors le passé de Carlos. Il évoque son enfance ; sa soeur Carla et sa brassée d'amants, tous plus riches les uns que les autres ; son père violent et sa mère qui aimait se faire battre ; la tyrannie de sa soeur...
C'est un roman fascinant, en réalité. Il se lit d'un seul trait. Certes, il ne fait que 100 pages, ce qui écourte évidemment la lecture, mais on ne peut pas en décrocher. C'est un roman de paradoxes : il fascine en même temps qu'il dégoute. C'est un roman qui gêne, mais qui est irrésistiblement attirant... C'est vraiment étrange... Il est déroutant, il est politiquement incorrect, il est répugnant par moment... mais il est bon, il est excellent.
→ Excellent roman... Un auteur à découvrir !
3 commentaires:
J'en parle aussi chez moi... ici:
http://fattorius.over-blog.com/article-la-fete-des-masques-de-l-amour-et-de-la-mort-39686962.html
Et c'est comme ça que j'ai découvert votre blog. Je continue ma visite...
J'ai eu l'occasion de rencontrer Sami Tchak. Et le bonhomme vaut le détour, vraiment. C'est un homme complexe et passionnant, un homme posé et tout en délicatesse... Je ne l'imaginais absolument pas comme ça... J'ai été très agréablement surprise.
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